Je ne me dédouane pas, je sais que la finalité est celle-là, que les animaux devront être abattus pour la consommation de leur viande. Je m'impose que cela se passe dans les meilleures conditions pour eux. Cette étape-là, je la vis, mais eux ne doivent pas s'en apercevoir. Il faut que ce soit le plus instantané possible, qu'ils ne voient pas ce qui leur arrive. Je l'assume, cela fait partie de mon travail.
Vous parliez d'hypocrisie. Je pense qu'aujourd'hui, les gens se sont en quelque sorte dédouanés de leur alimentation. Ils ne savent plus d'où elle vient, comment elle est produite ; ils viennent au salon de l'agriculture, mais cela ne va pas plus loin. Le métier d'éleveur consiste à bien élever l'animal, mais aussi à lui donner la mort. J'en suis totalement conscient, j'assume cette finalité. Les gens ont oublié ce qu'il se passe entre l'animal qu'ils voient dans le pré et le morceau de viande qu'ils consomment dans leur assiette. Et s'ils sont choqués, c'est parce qu'ils ne sont plus du tout connectés à cette réalité.