L'industrie de la viande est soumise à bien des règles et nous exerçons déjà notre activité sous le contrôle constant d'agents de l'État. Sans préposé, sans vétérinaire, on ne peut démarrer l'abattage, et l'on est obligé de rendre des comptes en permanence. L'environnement réglementaire est très contraignant. Qu'apportera de plus une caméra de vidéosurveillance ? Nous en utilisons déjà pour certaines activités, en particulier pour tout ce qui concerne le classement, le marquage des animaux. Ce dispositif doit être entretenu, ce qui est relativement difficile en milieu humide, tantôt chaud, tantôt froid. On peut installer d'autres caméras, de même qu'on peut en installer dans les couloirs de l'Assemblée nationale : on verra passer des gens, mais on se heurtera rapidement à une question de confidentialité humaine.
Si la vidéo représente, pour la formation, un outil pédagogique de première importance, je ne suis pas favorable à son utilisation pour la surveillance du personnel. Quand je pense aux difficultés que nous avons eues pour des questions de pause ou de badgeage, je n'ose imaginer ce qui se passerait si le personnel devait être filmé en permanence !
Certains cahiers des charges – surtout pour des clients étrangers, notamment britanniques – imposent la présence d'une caméra dans certains outils. Celles qui fonctionnent en France ne filment que le cheminement d'un animal à un moment donné, en dehors de toute prise de vue humaine. L'emploi de la vidéo ne peut aucunement garantir que tout se passe bien. S'il n'est pas difficile de surveiller le cheminement de l'animal de la descente du camion jusqu'au poste d'étourdissement et à la saignée dans un outil qui traite trente bovins par jour, ça l'est davantage dans un outil qui en traite 600. Vous avez vu, à Feignies, que l'on n'a pas besoin de caméras pour que le personnel travaille dans de bonnes conditions.