Sur le plan éthique, monsieur le député Censi, vous avez posé des questions fondamentales. C'est l'éthique musulmane qui chapeaute la question du halal.
L'éthique est fondée sur la morale. Jusqu'au XVIIIe siècle, la morale visait à rapprocher le fidèle de Dieu. Mais depuis le XVIIIe siècle, les choses ont totalement changé : la morale est fondée sur la philosophie de Kant, à savoir sur la raison ; ce n'est plus la proximité avec Dieu qui rend une chose bonne ou mauvaise, mais son caractère universalisable.
Auguste Comte, philosophe français, a pour sa part défini la loi des trois états : l'état théologique, encore très présent dans certaines religions, et particulièrement dans l'islam, l'état métaphysique et l'état positif, qui procède d'une vision plus rationnelle. La laïcité que nous vivons est pour nous la meilleure organisation rationnelle qui soit des peuples en France – et je pèse mes mots. Il faut accepter le fait que nous vivions dans une société plurielle dont l'organisation est rationnelle. Toutes les décisions de la société française découlent de la raison et non pas de Dieu. Dans ma morale personnelle je peux considérer que Dieu ou même Satan est mon élément de référence, mais la société française…