Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 15 juin 2016 à 16h45
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, Présidente de la Commission :

Je suis très heureuse de vous recevoir pour la première fois devant notre commission.

Vous êtes un Européen très convaincu, engagé depuis longtemps, dans des responsabilités diverses, au service de la construction d'une Europe solidaire, plus intégrée, apte à répondre aux préoccupations de nos concitoyens.

Vous avez « l'Europe dans votre ADN », comme l'indique l'annonce de votre livre publié récemment chez Plon (« Génération Erasmus »). Je crois qu'à ce titre vous rejoignez fortement l'état d'esprit très dominant de cette commission, qui, quels que soient les bancs, est fondamentalement un esprit d'union, favorable à une intégration politique renforcée.

Et vous êtes en outre un francophone, francophile.

Je crois que nous partageons largement avec vous la manière dont nous voyons l'Europe et son avenir – en ce moment un peu flou, à quelques jours seulement du référendum britannique ! Dans cette commission, nous sommes très attachés à la construction d'une Europe plus solidaire, d'une Europe sociale, d'une Union de l'énergie, et je sais que nous nous rejoignons complètement à ce propos, comme nous rejoignons assez largement les points de vue de l'Italie.

Nous nous réunissions ce matin avec nos collègues du Bundestag et du parlement polonais. Votre audition tombe à point nommé pour croiser les points de vue sur les problématiques actuelles et futures de l'Union.

S'agissant des causes de la crise actuelle de l'Europe, vous êtes sévère, sans doute à juste titre, quant aux responsabilités des dirigeants politiques européens. Vous estimez que si l'Europe est à l'arrêt, c'est pour cause de « lâcheté politique ». Vous constatez que le vide politique laissé par les dirigeants, leur manque de vision, a eu pour conséquence de donner le pouvoir aux technocrates et a été à la base d'un excès de réglementation, incompréhensible pour le commun des mortels.

La chambre des députés italienne est à la pointe de l'effort engagé pour redonner un souffle, une dynamique à la construction européenne, en proposant une déclaration « Plus d'intégration européenne, le chemin à parcourir ». Nous sommes à cet égard en lien étroit avec nos collègues italiens. Le président Bartolone a signé cette déclaration, au nom de notre Assemblée, auquel 9 autres parlements ont également adhéré.

Cette déclaration souligne que la solution aux difficultés actuelles de l'Union, passe par un plus d'Europe, plutôt que par un repli. Elle promeut un nouvel élan vers une Europe politique, et plaide pour un renforcement de l'intégration de l'Union économique et monétaire, et notamment de sa dimension sociale.

Il me semble qu'il serait très intéressant que vous puissiez devant nous revenir sur les causes de la crise actuelle, comme sur les pistes d'un rebond nécessaire et possible.

Les priorités et les sujets sont multiples.

Comment renouer la confiance avec les peuples européens ?

Quel sens donner à une nouvelle étape de la construction européenne, qui peut être une véritable refondation, à l'approche du 60ème anniversaire du Traité de Rome ?

Quels objectifs politiques partagés – en matière économique, sociale, environnementale, mais aussi dans le domaine de la politique étrangère et de la défense ?

Quelle organisation institutionnelle, pour l'Union et pour la zone euro ? quels nouveaux partages de souveraineté possibles et souhaitables ?

De plus en plus, l'idée qui émerge est celle d'une intégration différenciée de l'Union européenne, d' « un noyau dur » d'États membres qui avancerait plus vite que les autres. Il apparaît en effet de plus en plus difficile d'avancer à 28, puisque certains pays refusent l'idée même d'une « Union sans cesse plus étroite ». Que vous inspire cette idée ? Une telle Union différenciée pourrait-elle être viable ?

Vous plaidez pour l'institution d'un « gouvernement de la zone euro » et pour la création d'un véritable budget pour la zone euro. Quelle forme pourrait prendre ce gouvernement de la zone euro ? Quel contenu imaginez-vous pour ce budget de la zone euro ? Il devrait être assorti d'un véritable contrôle parlementaire : êtes-vous favorable à la création d'un « parlement de la zone euro » mixte, composé à la fois de parlementaires européens et de parlementaires nationaux ?

Sur les institutions : vous critiquez le rôle sans cesse croissance du Conseil européen et l'abandon de la méthode communautaire, mais également la « bureaucratie » du Berlaymont. Pour vous, quels changements institutionnels sont nécessaires pour permettre de répondre aux défis que rencontre aujourd'hui l'Europe ? Pensez-vous qu'une réouverture des traités serait nécessaire après les élections françaises et allemandes de 2017 ?

À court terme, quelles initiatives devraient selon vous être prises pour relancer la dynamique européenne après le 23 juin, et éviter la multiplication de référendums similaires dans toute l'Union ?

Sur les questions migratoires, quelles sont pour vous les priorités pour avancer vers plus de solidarité européenne ? quel est le point de vue de l'Italie sur le projet de règlement relatif aux garde-frontières et garde-côtes et sur la réforme envisagée pour les règles européennes en matière d'asile ?

Vous avez récemment fait des propositions pour mieux gérer les migrations légales, et éviter la multiplication des drames survenant en Méditerranée. Nous serons très heureux de vous entendre à ce propos.

Enfin l'Italie est très attachée à faire progresser l'union de l'énergie et mettre en oeuvre les engagements pris dans le cadre de la Cop 21. Nous serions intéressés à vous entendre également sur ces sujets.

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