Intervention de Daniel Raoul

Réunion du 15 juin 2016 à 16h45
Commission des affaires européennes

Daniel Raoul, sénateur :

C'est rafraîchissant d'entendre un Européen convaincu, issu de la génération Erasmus comme vous vous définissez vous-même !

Je suis perplexe quant à l'issue du référendum britannique. Si le maintien dans l'Union l'emporte, ne risque-t-on pas d'assister à un lent démantèlement de la construction européenne telle que l'ont pensée les précurseurs. De telles concessions ont déjà été faites à la Grande Bretagne que son maintien risque d'avoir un effet défavorable, favorisant des surenchères de la part d'autres États qui voudront à leur tour négocier des accommodements. Si la décision de sortir de l'Union l'emporte, ce pourrait être paradoxalement une chance à saisir pour relancer l'intégration européenne, quitte à ce qu'un noyau dur avance plus vite que d'autres États membres dans la voie de l'intégration.

Jacques Myard. Merci pour votre intervention même si je suis en désaccord radical avec vos propos. L'Italie, membre fondateur de l'Europe tient une place particulière dans l'Union et je suis pour des raisons personnelles attaché à ce pays. Néanmoins je pense que vous faites totalement fausse route dans votre analyse. Le modèle de la construction européenne est dépassé, il ne correspond plus aux défis posés par la globalisation. Il ne s'agit pas d'une perte de confiance des citoyens mais plus fondamentalement d'une remise en cause de cet idéal obsolète. Le temps où les États-Unis s'opposaient à l'Union soviétique est révolu. Les États membres n'ont pas tous les mêmes intérêts et c'est une supercherie que de parler de Peuple européen. Seules les nations existent, qui peuvent décider de coopérer pour maintenir par exemple le marché unique ou la libre circulation mais votre solution de s'orienter à marche forcée vers une Europe fédérale ne répond en rien aux aspirations des pays européens.

La zone euro repose sur une fiction et cette zone est au bord de l'implosion. De nombreuses tentatives de monnaie unique se sont révélées des échecs dans différentes zones géographiques, faute d'une véritable convergence des économies concernées. La zone euro ne subsiste qu'à la seule condition que les pays dynamiques payent pour ceux qui sont en retard mais l'Allemagne ne veut plus de cette fuite en avant.

L'Union européenne a montré son impuissance car sa gouvernance est totalement inadaptée. Il a fallu un an, de l'aveu même de notre ministre de l'agriculture pour convaincre le Commissaire en charge de l'agriculture que la France subissait une crise très grave de l'élevage, pendant ce temps, ce sont autant de mesures qui ont été différées. Trouvez-vous normal que la réforme de la directive sur la TVA se soit étalée sur quinze années ?

Je vous en conjure, sortez de votre idéologie intégrationniste pour revenir à des projets plus concrets basés sur la coopération entre États.

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