Intervention de Sandro Gozi

Réunion du 15 juin 2016 à 16h45
Commission des affaires européennes

Sandro Gozi, secrétaire d'état auprès du président du Conseil des ministres italien, chargés des affaires européennes :

Pour réponse aux interrogations de M. Philip Cordery, je ne renonce pas du tout à améliorer la gouvernance de la zone euro mais je constate simplement que les États membres sont moins mobilisés sur ce sujet. La Commission européenne devrait faire des propositions à la fin 2017 sur ce thème, j'espère que ses propositions seront faites plus tôt au cours de l'année. Ce doit être l'occasion de repenser à une politique de croissance et d'investissement, à des projets ambitieux en faveur de la jeunesse et à des progrès de l'État de droit au sein de l'Union. Il faut de nouveaux projets mobilisateurs, une nouvelle politique économique et sociale qui réponde aux attentes très concrètes des citoyens européens. Les progrès dans la gouvernance viendront après, pour traduire les choix économiques et sociaux que nous aurons faits.

Pour le moment, l'exécutif européen souffre d'une trop forte fragmentation, ce qui ne permet pas d'incarner une vraie légitimité politique. Il est vrai que désigner comme ministre de la zone euro un des vice-présidents de la Commission européenne présente des inconvénients, mais les avantages l'emportent sur les inconvénients et permettra de véritables synergies.

Concernant les partenaires sociaux italiens, il est vrai qu'ils sont assez réticents à l'idée d'un salaire minimum européen. Le Gouvernement italien continue à mener des discussions pour essayer de les convaincre des aspects positifs de ce projet.

Le devenir de l'Europe dépend de notre capacité de réaction suite au référendum britannique. Si le choix est de rester dans l'Union, les Anglais devront accepter les obligations des traités et ne plus être un frein au progrès de l'intégration. Si c'est la sortie de l'Union qui est choisie, ce qui aura des conséquences dommageables surtout pour la Grande Bretagne, il faudra relancer l'Europe avec les pays volontaires. La conception initiale du « noyau dur » tendait à exclure les États qui présentaient quelque faiblesse. C'est une mauvaise manière d'avancer. Au contraire, il faut mettre en avant le désir d'intégration et élaborer un projet fédérateur reposant sur le libre choix afin que ces pays progressent dans le sens d'une union plus étroite, en étant convaincus qu'ils seront plus forts en étant plus solidaires.

Je suis radicalement en désaccord avec vous, Monsieur Myard. La globalisation a produit de nouvelles questions qui sont toutes transnationales (flux humains, crime organisé, terrorisme, climat). Face à cela, revenir à des logiques nationales et à des formes de coopération non structurées serait une fuite en arrière ; ce n'est pas la bonne réponse.

Face à ces grandes questions de société, il faut dire de quoi nous avons besoin pour gouverner, et vous ne pourrez pas éviter de recourir à l'Union européenne pour cela. Il faut sortir du débat entre plus ou moins d'Europe, et plutôt nous demander quelles meilleures politiques européennes nous devons développer. Votre option – démanteler l'Union européenne, sortir de l'Union européenne, sortir de la zone euro – est la mauvaise réponse à de vrais problèmes. Commençons par mettre en place de nouvelles politiques économiques dans la zone euro, et nous verrons ensuite s'il y a besoin d'un Ministre de la zone euro ou pas.

« Il n'y a pas de Peuple européen » dites-vous, mais ce n'est pas l'avis de ceux qui nous regardent de l'extérieur. Ainsi, les États-Unis nous considèrent comme très unis, avec beaucoup d'intérêts communs. Le Pape François nous voit comme étant porteurs des mêmes valeurs. Il faut renforcer l'Union européenne au lieu de la démanteler.

L'accord avec la Turquie est quant à lui complexe mais nécessaire. Nous sommes inquiets sur l'évolution démocratique en Turquie et nous devons rester vigilants sur la question des libertés : respect de la presse, respect des minorités, État de droit. Les conditions sur la libération des visas ne sont pas encore remplies, mais nous pensons que nos partenaires veulent respecter leurs engagements. Nous attendons de nos partenaires, sinon la même stratégie, du moins la même détermination que les Européens, pour gérer la question des flux migratoires et la question de la stabilité en Libye. Nous devons renforcer notre coopération pour lutter contre le trafic des êtres humains. Il faut voir comment nous pouvons continuer à accompagner le renforcement du gouvernement libyen.

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