Intervention de Gabriel Serville

Réunion du 28 juin 2016 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville, rapporteur :

J'ai tenu particulièrement à ce qu'il y ait un débat en séance, même court. L'idée est de faire en sorte que la représentation nationale soit saisie de cette question, ne serait-ce qu'à titre d'information. Il est pour moi important que mes collègues de la France hexagonale s'imprègnent des problématiques propres à la Guyane et à son environnement. On aurait effectivement pu se passer de cette étape, mais je ne suis pas persuadé que cela aurait facilité la compréhension des enjeux sur lesquels pourtant nous, les parlementaires guyanais, intervenons souvent : empaillage illégal, sécurité, immigration, etc. J'ai considéré qu'il était opportun, voire judicieux, de faire en sorte que ces questions connaissent un écho plus large, et ne soient pas examinées en catimini.

Il est vrai qu'il y a un excès de fantasmes autour de ce pont, qui a été livré en 2011, et qui nous l'espérons entrera en service avant la fin de l'année 2016. Beaucoup de Guyanais imaginent que, par l'intermédiaire du pont, on verra accroître le flux migratoire et la pression migratoire des Brésiliens sur la Guyane. En réalité, les Brésiliens qui veulent émigrer vers la Guyane n'ont pas besoin du pont : ils traversent sur des embarcations ou à la nage pour certains.

C'est un outil qui va permettre de renforcer une coopération qui préexiste, de manière informelle, entre la Guyane et l'État voisin. Ce pont, quand il sera livré, permettra une circulation non nécessairement libre mais du moins mieux organisée, et un développement économique plus fort que celui que l'on connaît aujourd'hui. Je pense aussi aux échanges culturels ou sportifs, aujourd'hui réfrénés par les problèmes de visas.

Les Brésiliens déplorent souvent l'asymétrie dans le traitement des visas : les Guyanais n'ont pas besoin de visa pour aller au Brésil, alors que celui-ci est exigé aux Brésiliens pour entrer en Guyane (alors qu'ils n'en n'ont d'ailleurs pas besoin pour entrer sur le territoire de la France hexagonale). Je pense que cette question de visas imposés aux Brésiliens vient de la peur qu'a pu avoir le monde politique de voir la Guyane envahie par des ressortissants Brésiliens. Dans tous les cas, nous ne sommes pas du tout convaincus que cette situation d'asymétrie a vocation à perdurer. Cela génère en effet une espèce de trouble dans la manière dont les Brésiliens appréhendent leur relation avec la Guyane, même si de part et d'autre on n'a pas attendu la construction du pont pour créer des relations de bon voisinage entre le Brésil et la Guyane. La France fait cependant des efforts, avec notamment la mise en place d'une carte transfrontalière pour les résidents de part et d'autres du fleuve, pour des délais allant d'un jour à 72 heures, qui leur permet de circuler librement. Les Brésiliens prétendent que c'est une sorte de « visa caché ». C'est selon moi un pas en avant vers une meilleure coopération et de meilleurs échanges.

Sur les accords soumis à notre approbation, certaines questions demeurent en suspens. C'est notamment le cas de la question des assurances. C'est une question qui va être réglée rapidement car il y a sur le terrain une grosse attente de la part des acteurs économiques, du monde sportif et du monde culturel, qui voient l'ouverture de ce pont comme un vrai vecteur de communication entre les deux territoires.

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