Affecté par un mal handicapant dans sa vie personnelle et professionnelle, le patient est écarté de fait de ce qui serait pourtant indispensable à son bien-être et à sa pleine réalisation. Si, en outre, il s'entend dire que ce mal n'existe pas, il vit un véritable drame. Il est donc très important de l'amener dans un centre anti- douleur. Dans ce contexte de prise en charge, l'analyse des différents éléments contributifs au traitement est conduite de manière très rationnelle, grâce à une consultation pluridisciplinaire. Cela donne au patient un élément de reconnaissance de la symptomatologie et des moyens de traitement.
C'est un point important pour préparer le retour à une activité physique normale, qui offre une partie de la réponse. J'indiquais tout à l'heure que ce n'est pas tellement de kinésithérapie qu'ont besoin ces patients, mais plutôt du retour à une activité physique douce et plus régulière, par exemple la balnéothérapie. Mais cela n'est pas pris en charge ; la kinésithérapie est d'ailleurs prescrite pour cette raison même.
Nous nous trouvons ainsi dans un paradoxe de remboursement et de prise en charge. C'est plutôt la direction de la sécurité sociale que vous devrez interroger sur le sujet. De notre côté, nous menons un travail important pour la reconnaissance de certaines prises en charge. Je parlais tout à l'heure de la psychologie, qui n'est pas plus reconnue pour la fibromyalgie que pour d'autres pathologies. Elle éviterait pourtant le recours à des médicaments de la lignée des neuroleptiques ou des psychotropes. Nous nous préparons d'ailleurs à limiter le recours aux benzodiazépines, qui représente un fléau dans notre pays.
Vous avez également évoqué la question de l'affection de longue durée. À la suite de l'adoption d'un amendement de Mme Valérie Fourneyron à la loi de modernisation du système de santé, l'accompagnement à une activité physique prescrite dans le cadre des ALD pourra avoir lieu. Il serait intéressant de voir si l'on peut donner le statut d'ALD à la fibromyalgie, pour que les patients atteints de cette maladie puissent bénéficier du dispositif.
Nous-mêmes sommes assez favorables à la prise en compte d'actes thérapeutiques qui ne relèvent pas strictement de la pharmacopée. Cela ne veut pas dire qu'il ne faudra pas les utiliser tout au début : même si les personnes ne sont pas déprimées, la situation peut conduire à des manifestations qui appartiennent à la lignée anxio-dépressive, nécessitant une thérapeutique de quelques semaines ou de quelques mois, par ce type de traitement. Mais cela ne suffit pas à leur prise en charge.
Vous avez évoqué l'acupuncture. Comme d'autres formes de prise en charge, elle est valable pour autant qu'elle est rendue acceptable pour le patient, qu'il l'ait choisie et qu'elle marche. Dans ce contexte, ce qui est surtout important est l'adhésion de la personne à une forme de prise en charge thérapeutique.
Les centres anti-douleur, et l'approche pluridisciplinaire des prises en charge qui en est la marque distinctive, doivent être au centre du dispositif. L'accompagnement psychologique et l'accompagnement de l'activité physique sont essentiels. Ils doivent donc pouvoir faire partie d'une prise en charge globale et, pourquoi pas, d'un remboursement.