Intervention de Luc Barret

Réunion du 21 juin 2016 à 9h30
Commission d'enquête sur la fibromyalgie

Luc Barret, médecin-conseil national de la CNAMTS :

Il nous sera toujours difficile de connaître les éléments qui tracent la fibromyalgie. Vous avez sûrement auditionné d'éminents spécialistes de la question, qui ont dû vous expliquer que, ce qui trace, c'est l'absence de traces en dehors des symptômes polyalgiques ! Nous n'avons pas véritablement de critères diagnostiques.

Comme le rappelait François-Xavier Brouck, nous avons saisi la HAS, à qui, par une lettre du 16 juin 2016, j'ai demandé d'aller au-delà de son rapport d'orientation et d'édicter des recommandations concernant aussi la sphère du diagnostic. Dès que nous en disposerons, nous pourrons bien mieux appréhender la réalité de cette affection, dont la prévalence est probablement sous-estimée. Les malades, les pouvoirs publics et l'assurance maladie ne peuvent que trouver avantage au fait que l'on cerne mieux dans quelles conditions le diagnostic doit être porté, et sur quelles bases.

Avant d'intégrer l'assurance maladie en 2014, j'étais professeur de médecine légale : je peux donc vous dire que la question de la fibromyalgie est prise en compte lorsqu'il s'agit de réparer des dommages corporels. En effet, c'est souvent à la suite d'un traumatisme, quelle qu'en soit la nature, que l'on développe une fibromyalgie, et on peut s'interroger sur l'imputabilité de ce dommage au traumatisme initial.

Il conviendrait en effet d'étudier les aspects sociétaux de la maladie, en évitant de tomber dans le piège qui consiste à ne pas la considérer comme telle. Son suivi est d'autant plus compliqué qu'il faut à la fois amener les fibromyalgiques à reconnaître qu'ils souffrent d'une maladie et les aider à en sortir – car on peut sortir de la fibromyalgie, mais ce n'est certainement pas en la niant et en multipliant les examens. Les médecins traitants doivent donc parvenir à un équilibre très subtil. C'est d'ailleurs peut-être ce qui explique qu'ils répugnent à se lancer dans des demandes d'invalidité – mais peut-être moins dans des demandes d'ALD. Quoi qu'il en soit, je suis d'accord avec vous : tout le monde gagnerait à ce qu'on l'on approfondisse ces questions, et pas seulement sous un angle purement médical.

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