Intervention de Dominique Orliac

Réunion du 15 juin 2016 à 9h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Orliac :

Je tiens à remercier notre présidente d'organiser ces auditions sur un sujet crucial. Pendant plusieurs années, j'avais attiré l'attention sur le traitement de la dégénérescence maculaire exsudative par les médicaments anti-VEGF, sujet récurrent sur lequel nous avons avancé. Puis, l'an dernier, vu le prix du traitement contre l'hépatite C, nous nous sommes demandé comment tous les malades pouvaient en bénéficier – la décision avait même été prise à un moment de traiter les patients les plus atteints, ce qui semblait difficile sur le plan éthique. Cette semaine, deux questions d'actualité ont été posées sur le sujet à la ministre de la santé, à laquelle nous demanderons des précisions sur les réponses intéressantes qu'elle a apportées.

La campagne de Médecins du Monde sur le prix des médicaments a été censurée, mais son impact est encore plus visible en étant relayée par les réseaux sociaux. La Ligue contre le cancer a elle-même lancé en avril dernier une pétition sur le prix « exorbitant » des médicaments anticancéreux. En mars, ce sont 110 cancérologues, dont vous êtes les initiateurs, messieurs, qui ont lancé un appel dans la presse sur le même thème. Toutes ces initiatives permettent d'avancer des pistes pour réduire les prix pratiqués par l'industrie pharmaceutique.

L'industrie pharmaceutique est écornée au travers des PLFSS depuis 2012. Faut-il systématiquement porter les économies sur le prix du médicament ? L'exportation des brevets à l'étranger me semble aussi un sujet important. Les coûts de développement ne suffisent pas à justifier les prix des médicaments : ces prix doivent en principe refléter l'efficacité réelle du traitement. Le paiement à la performance, mis en place dans d'autres pays, comme l'Italie, amène le laboratoire à reverser le chiffre d'affaires trop perçu, par exemple 60 % si le médicament est efficace chez 40 % des malades. Cette piste vous semble-t-elle envisageable ?

Dans le cadre du groupe d'études sur les maladies orphelines, que je préside, une présidente d'association et un hémato-oncologue ont été auditionnés sur le syndrome de Wilms. Sur les quinze malades en France, un seul patient est traité, celui le plus touché, étant à un stade cancéreux. En fait, le laboratoire, dans un but compassionnel, permet à ce patient d'accéder au traitement, dont le coût est de 6 000 euros par jour : deux injections de 3 000 euros pendant plusieurs mois – sans savoir s'il y aura rémission ou guérison. Contrairement aux États-Unis, les patients en France n'ont pas accès à ce traitement, dont l'AMM est utilisée pour une autre pathologie. Il est inconcevable dans une société comme la nôtre, où l'éthique doit primer, que tous les malades ne puissent pas être soignés. Par conséquent, nous devons avancer rapidement sur le sujet du prix des médicaments.

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