Merci, madame la présidente, monsieur le directeur, pour les informations que vous nous avez apportées.
L'ANSM n'intervient pas directement sur le prix des médicaments, mais l'un de ses objectifs est de permettre à tous nos concitoyens un accès équitable aux médicaments innovants, dont le prix est un facteur déterminant. Votre deuxième objectif est de garantir la sécurité des produits de santé tout au long de leur cycle de vie, depuis leurs essais initiaux jusqu'à leur consommation. Vous avez raison, il existe en France une surconsommation de médicaments, dont l'impact financier entrave la prise en charge de molécules innovantes. D'où un sujet important pour les parlementaires que nous sommes, même si nous n'avons qu'un rôle minime sur le prix des médicaments.
Aux États-Unis, entre 2010 et 2014, le Center for biomedical innovation du Massachussets Institute of technology a lancé une étude sur de nouvelles formes d'autorisation de mise sur le marché : les adaptive pathways. Il s'agit d'autorisations de mise sur le marché fractionnées octroyées au terme d'essais cliniques très courts et sur des périmètres plus restreints, dans la mesure où aucun autre traitement n'existe. Les firmes pharmaceutiques y voient un intérêt médical, mais aussi financier, car ces AMM fractionnées leur permettent d'exiger un prix du médicament plus élevé que dans les marchés saturés, et que leurs essais cliniques sont ainsi simplifiés et mieux valorisés. En mars 2014, l'Agence européenne des médicaments a lancé un projet pilote sur ces adaptive pathways, le programme « Priority medicines » (PRIME) visant à soutenir le développement de médicaments répondant à un besoin médical partiel non satisfait. Cependant, certains observateurs craignent que cela ne mette en danger la santé des patients. Quel est votre avis sur ce nouvel aspect de la médecine ? Quels efforts devraient être déployés pour améliorer l'évaluation de l'innovation et assurer la pharmacovigilance des médicaments innovants ?
Concernant l'Extencilline, je pense que l'arrêt de ce médicament tient à son prix, qui était bas. Une autre raison est sans doute la disparition progressive, grâce aux antibiotiques, du rhumatisme articulaire aigu ou maladie de Bouillaud. La troisième raison est liée aux douleurs que provoquait ce médicament sur les muscles fessiers de nos enfants qui, en général, refusaient la deuxième piqûre…
Les IMAO, des antidépresseurs utilisés pendant des décennies pour une fraction des maladies dépressives, ont disparu faute d'un nombre suffisant de malades. Leur prix était trop bas. Mais sauf erreur de ma part, le Marsilid a été remis sur le marché à la demande de la ministre de la santé pour que les gens en manque puissent en bénéficier. Le prix a été revalorisé, mais le problème est que ce médicament est actuellement remboursé en ambulatoire, mais pas dans les cliniques psychiatriques ou les hôpitaux. Or ces malades, au nombre de quelques centaines pour lesquels la prise de ce médicament est vitale, ont souvent besoin d'hospitalisations itératives à certaines périodes de leur maladie maniaco-dépressive. C'est donc la clinique ou l'hôpital qui financent sur leur budget ce médicament, ce qui est aberrant.