Sur la spécificité de la cadence dans les abattoirs, je vous livre la réflexion d'un ergonome qui a constaté que, sur la chaîne, l'ouvrier était obligé d'être en avance s'il ne voulait pas prendre du retard parce qu'il ne pouvait jamais savoir s'il n'allait pas tomber sur un morceau très dur – paradoxalement, la situation est pire avec les bêtes « bio » qui ne sont pas standardisées. Lorsque l'on lit L'Établi de Robert Linhart, on voit comment, sur la chaîne de production automobile, les gars prennent de l'avance pour pouvoir faire des micro-pauses. À l'abattoir, ce n'est tout simplement pas possible. Il faut juste prendre de l'avance parce que l'on risque de tomber sur une peau que l'on n'arrivera pas à tirer, sur un tendon difficile… Ces éléments expliqueraient en partie le nombre très élevé de TMS. La viande résiste. Même mortes, les bêtes résistent.