Intervention de Julien Aubert

Réunion du 29 juin 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Le groupe Les Républicains soutiendra cette proposition de loi, et partage le souhait de voir l'Assemblée nationale aboutir à un vote conforme.

La lente marche vers le projet Cigéo constitue un défi lancé à la pensée politique dans le domaine du temps. On mesure l'enjeu que représente un tel projet lorsque l'on songe qu'il faut plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'années pour que la radioactivité disparaisse et que les choix que nous faisons aujourd'hui, outre le fait qu'elles engagent les générations futures, tendent vers un horizon qui, pour l'aventure humaine, tend vers l'infini. Notre responsabilité est d'autant plus grande que nous ignorons ce que seront les formes et structures politiques ainsi que l'état des techniques et technologies dans plusieurs milliers d'années. Cela ne peut que nous inciter à penser le très long terme de façon cohérente, et à raisonner dans le cadre temporel du siècle et de la décennie.

Ce projet est consensuel, et il convient d'éliminer le faux débat consistant à considérer que, dès lors qu'on est opposé au nucléaire, on est opposé au traitement des déchets. Les déchets radioactifs sont là et, quelle que soit l'opinion que l'on a sur l'énergie nucléaire, il est de notre responsabilité de préserver les générations futures en limitant le plus possible les risques.

La notion de réversibilité, de flexibilité dans les choix, relève du très long terme. Nous ignorons ce que sera l'avenir : tâchons de conserver le plus longtemps possible notre capacité à changer nos plans. Cette proposition de loi précise la notion de réversibilité ainsi que la faisabilité de la récupération des colis de déchets contaminés – car il convient de garantir la possibilité de revenir sur le choix de l'enfouissement.

Par ailleurs, il ne doit pas être perdu de vue que ce projet relève de l'intérêt national, non de l'intérêt local. Un amendement a été déposé qui propose une consultation locale : nous y sommes opposés, car ce n'est pas l'affaire d'un département, mais de tous les Français ; c'est en leur nom à tous que le site de Bure accueille ce projet d'intérêt national et les riverains ne sont pas les seuls concernés.

La France possède une avance considérable dans le domaine des déchets, même si d'autres pays comme la Suède conduisent également une réflexion sur ce sujet ; mais notre pays peut caresser l'espoir de bâtir un jour une filière du stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde.

Cette proposition de loi permet d'établir un calendrier, de prévoir une phase industrielle pilote, et de progresser pas à pas : elle est donc très importante et doit faire l'objet de l'accord le plus large possible afin de garantir la réversibilité ainsi que cette stratégie commencée par nos prédécesseurs, appelée à se poursuivre pendant de nombreuses années.

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