La question des déchets radioactifs, de leur stockage, de leur transformation, est extrêmement difficile. Au centre de retraitement de La Hague ainsi qu'au CEA, les chercheurs travaillent depuis des années sans pour autant avoir trouvé de solution définitive.
Le danger que constituent ces matières radioactives de haute et de moyenne activité doit constamment rester présent à notre esprit, car les durées de radioactivité peuvent atteindre jusqu'à un million d'années. À ce titre, nous portons une lourde responsabilité. Je déplore d'ailleurs que nous ayons à examiner une proposition de loi et non un projet de loi qui aurait comporté une étude d'impact ; au regard des enjeux, cela est très regrettable.
D'autre part, de sérieuses incertitudes planent sur la question du financement de cette opération, car aussi bien EDF qu'Areva et l'ASN connaissent dans ce domaine d'indéniables difficultés : cette situation ne risque-t-elle pas de conduire à l'adoption de solutions au rabais, susceptibles d'être insuffisantes sur le plan technique ? Il a d'ailleurs été annoncé que le coût estimé du projet Cigéo serait légèrement inférieur à ce qui a été prévu au départ.
La notion même de réversibilité pose question : comment la prévoir pour des dizaines, des centaines ou des milliers d'années ? Comment disposer d'une vue à aussi long terme sur la sûreté des techniques de stockage ? Comment prévoir – pour autant que cela puisse s'imaginer – les évolutions géologiques ? Nous savons tous que les plaques tectoniques se déplacent à des rythmes millénaires, et il semble présomptueux de préjuger de leur stabilité ou de leurs mouvements.
Le stockage ne risque-t-il pas de nourrir l'illusion d'une solution facile, concourant par-là à un recours croissant au nucléaire dans le monde ? Il est d'ailleurs heureux que, par la loi du 1er août 2015, la France ait eu la sagesse de prévoir la diminution de la place de cette énergie.