Intervention de Bruno Gollnisch

Réunion du 29 juin 2016 à 16h30
Commission des affaires européennes

Bruno Gollnisch, membre du Parlement européen :

J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt votre présentation, et je m'empresse de souligner que, bien que nous soyons de formations politiques aux avis divergents voire opposés, je suis prêt à être entendu, si vous l'estimez utile, par votre Commission afin de vous éclairer sur ce qu'on désigne, d'un terme méprisant, le populisme et sur les véritables raisons du rejet de l'Europe qui s'est manifesté notamment en Grande-Bretagne. Ce qui m'interpelle, concernant les propositions que vous faites – et je le dis sans esprit critique systématique -, c'est qu'elles vont toujours dans le sens d'un renforcement institutionnel. Or, il y a déjà énormément d'institutions européennes : il y a le Conseil de l'Union européenne, la Commission européenne, le Parlement européen, élu au suffrage universel, la Cour de Justice de l'Union européenne, le Comité des régions, la Cour de comptes, le Médiateur européen, la Banque centrale européenne, et je crains que la solution ne soit pas dans celles qu'à mon avis vous avez esquissées, c'est-à-dire l'approfondissement ou l'harmonisation. En effet, l'approfondissement et l'harmonisation débouchent, en réalité, sur l'unification.

Si l'on prend, par exemple, la fiscalité. Nous avons essayé d'harmoniser la fiscalité indirecte, c'est-à-dire la TVA et les droits d'accises. Il est clair qu'il n'est pas possible d'harmoniser seulement la fiscalité indirecte si la fiscalité directe ne l'est pas. Il n'est pas possible de ne pas harmoniser également les charges sociales. Par conséquent, nous serons, mécaniquement conduits à empiéter de plus en plus sur les compétences des États membres. L'harmonisation est ainsi, tout d'abord, une opération extrêmement difficile, qui échoue dans un certain nombre de cas et c'est, ensuite un exercice qui suscite souvent un rejet populaire dans la mesure où les citoyens ont l'impression que leur autonomie et leurs libertés publiques leur échappent.

Je pense que la solution au problème que vous posez serait davantage dans la multiplication des coopérations ponctuelles, car c'est ce qui fonctionne en Europe. Que nous cite-t-on en exemple pour illustrer les succès européens ? Airbus, qui est un consortium industriel, Ariane Espace ou encore le Centre d'étude et de recherche nucléaire qui fait des expériences sur l'origine de la matière : autant d'exemples qui évoluent dans un cadre institutionnel différent de celui de l'Union européenne. Dans le cas de l'Union européenne, il y a parfois de bonnes réalisations. Je pense, par exemple, aux échanges Erasmus, au projet Galileo, système de positionnement par satellite indépendant des États-Unis d'Amérique.

Pour conclure, je pense donc qu'il faudrait multiplier les projets concrets qui ont une visibilité pour les citoyens et sur lesquels il est possible de réaliser un bilan, en se demandant ce que cela coûte et quels sont les bénéfices que nous en retirons. Je crois que si la visibilité de l'Union européenne était améliorée, on contribuerait peut-être à la rendre plus acceptable par les opinions publiques.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion