Monsieur le ministre de l’intérieur, il ressort des travaux de la commission d’enquête relative aux moyens mis en oeuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015, dirigée avec talent par nos collègues Fenech et Pietrasanta, qu’il n’aurait pas été possible d’éviter les attentats du 13 novembre dernier. Les services de renseignement ne peuvent que très difficilement suivre des personnes aguerries aux méthodes de la dissimulation, qui profitent par ailleurs des faiblesses de l’Union européenne pour préparer depuis la Belgique des attentats destinés à frapper la France. Ces failles ne remettent pas en cause l’extraordinaire courage et le sang-froid de nos forces d’intervention.
La commission propose une refonte totale du renseignement de proximité, profondément désorganisé par la réforme de 2008, qui a abouti à la dissolution des Renseignements généraux au sein de la Direction centrale du renseignement intérieur – DCRI. Êtes-vous donc favorable, monsieur le ministre, à la création d’une direction générale du renseignement territorial ?
La commission conforte par ailleurs le rôle du ministre de l’intérieur comme responsable de la lutte antiterroriste et propose de créer une agence nationale antiterroriste, rattachée directement auprès du Premier ministre, création directement inspirée de l’agence américaine du National Counterterrorism Center et qui aurait pour compétence la coordination de l’ensemble des services antiterroristes, dont la Direction générale de la sécurité extérieure – DGSE.
Le président de la commission a déclaré qu’il faisait un constat objectif en observant que les trois assaillants du Bataclan étaient tous archiconnus, tout comme les frères Kouachi, auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo. À l’évidence, cette commission soulève des problèmes graves, puisqu’elle remet en cause la fiabilité même de nos services de renseignement.
Monsieur le ministre, que compte donc faire le Gouvernement ? Nous devons d’abord apporter une réponse à toutes les victimes et, plus largement, à l’ensemble des Français, alors même qu’on ne cesse de leur rappeler que la première des libertés est la sécurité.