Comme pour les prévisions météo à plus d'une semaine, faire un débat d'orientation budgétaire pour une année d'élection présidentielle est d'une grande audace. Les questions que nous soulevons sont majeures et concernent, comme toujours, les hypothèses macroéconomiques. Le taux de croissance retenu est plutôt prudent. S'agissant de l'inflation, l'action de la Banque centrale européenne (BCE) finira bien par se traduire par une inflation plus élevée, mais je ne sais pas quel sera l'impact du « Brexit ».
Tout cela est très incertain, l'univers macroéconomique est extrêmement instable, et le contexte politique rend ce débat d'orientation budgétaire pratiquement impossible. Nous voyons dans les prévisions que des dépenses supplémentaires – je ne sais pas si l'on peut appeler cela des cadeaux – sont prévues. Qu'il s'agisse de dépenses fiscales ou de dépenses directes, il est très difficile d'en évaluer le coût. Vous les estimez à 8 milliards, nous ne savons pas si c'est le bon chiffre, mais vous avez au moins le mérite de tenter de les évaluer. Mais nous voyons aussi que le débat, un peu technique, sur le CICE et la C3S aura un impact considérable.
La réduction du déficit et la baisse des dépenses ont leurs limites. Les politiques qui ont été employées, faute de mieux, tendent à serrer les dépenses. Je ne dis pas que le ministère du budget n'est pas honnête : il essaie vraiment de le faire par tous les moyens possibles. Mais le train de l'État va vite, et ses dépenses ne peuvent être réduites uniquement en allant chercher des réductions ici ou là ou en gelant ou « sur-gelant » les dépenses. Il est évident qu'il faut réformer les politiques elles-mêmes, et nous voyons bien que nous atteignons très vite ces limites.
Nous pouvons débattre indéfiniment, la seule clé pour réduire durablement le niveau de dépenses publiques est le périmètre, le contenu de la dépense. Aujourd'hui, nous nous livrons à un exercice conjoncturel et politique.