Intervention de Jean Lemaistre

Réunion du 11 mai 2016 à 16h00
Mission d'information commune sur l'application de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte

Jean Lemaistre, directeur général adjoint de GDRF :

Je suis très heureux de pouvoir vous présenter le projet Gazpar et ses principales caractéristiques.

Notre réflexion a commencé en 2008, sous l'égide de la CRE, avec l'ensemble des parties prenantes – fournisseurs, collectivités territoriales, clients, associations de consommateurs. Il s'agissait de savoir s'il était intéressant de développer des compteurs communicants pour le gaz, comme cela était envisagé pour l'électricité, mais également pour l'eau. Il faut savoir qu'il y a aujourd'hui en France 5 millions de compteurs d'eau télé-relevés communicants, qui fonctionnent suivant une approche assez similaire à celle que nous avons retenue pour le gaz.

Cette concertation a débouché, dans les années 2010-2011, sur quatre expérimentations dans quatre communes françaises, destinées à tester les technologies, l'interaction avec les clients, prendre l'avis des collectivités territoriales et affiner notre projet. Parallèlement à ces expérimentations, une étude a été réalisée sous l'égide de la CRE pour déterminer la rentabilité d'un tel projet, son coût et les avantages pour le client. Elle a débouché sur une délibération de la CRE, une décision du ministre, enfin sur la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui a consacré définitivement le projet en précisant un certain nombre de modalités.

Quels sont les objectifs de ce projet ?

Premièrement, la satisfaction des clients. Actuellement, les compteurs sont relevés deux fois par an. Mais les clients sont souvent absents lors des relèves, les index sont estimés, ce qui occasionne beaucoup de tracas. Pouvoir disposer d'index réels tous les mois, voire tous les jours, constitue une grande avancée. Et cela évite notamment les erreurs de facturation.

Deuxièmement, l'efficacité énergétique. Comme on ne peut économiser que ce que l'on mesure, disposer de deux relevés par an ne constitue pas un outil puissant pour permettre un suivi précis de sa consommation, donc des économies. Les comparaisons réalisées avec l'Irlande et l'Angleterre ont montré que l'on pouvait atteindre 2 % d'économies d'énergie avec un système tel que Gazpar.

Troisièmement, l'infrastructure qui sera déployée nous permettra d'optimiser et de moderniser notre réseau, d'en améliorer le fonctionnement, et de préparer l'arrivée du biogaz, du gaz naturel pour véhicules (GNV) et les grandes évolutions liées à la croissance verte et à la transformation du réseau de gaz lui-même.

Le principe de fonctionnement consiste à équiper les compteurs d'émetteurs radio qui transmettent chaque jour les index constatés. Cette émission radio est récupérée par des concentrateurs qui, à leur tour, par un système GPRS classique, réacheminent les données vers le système d'information de GRDF. Dès lors, elles peuvent être réacheminées chez les fournisseurs et sont bien évidemment mises à la disposition des clients.

Le coût global du projet s'élève à 1 milliard d'euros, dont la moitié environ correspond au matériel, un tiers à la pose des matériels – les compteurs et les concentrateurs – et 15 % au pilotage de l'opération et au coût de transformation des systèmes d'information qui sont relativement importants, tant chez GRDF que chez les fournisseurs. C'est à partir des conclusions de l'étude de Pöyry, réalisée sous l'égide de la CRE, que la décision a été prise de lancer le programme sachant qu'il devrait entraîner environ 700 millions d'euros d'économies pour le distributeur et 1,2 milliard d'économies liées à l'efficacité énergétique et à la réduction de la consommation chez les clients.

Ce gros projet industriel a été l'occasion de faire émerger une filière d'excellence dans le domaine du comptage gaz en France avec des partenaires industriels comme Sagemcom, Itron, Diehl Metering – l'usine Itron de Reims et celle de Sagemcom à Dinan, qui fabrique des compteurs Gazpar en plus des compteurs Linky. Bien sûr, tout n'est pas fait en France. Mais si certains composants sont fabriqués à l'étranger, les compteurs sont assemblés en France. Et c'est bien sûr la pose qui est la plus créatrice d'emplois, puisqu'elle est réalisée localement.

Nous sommes actuellement en phase pilote, avec quatre opérations de déploiement : une en région parisienne sur les communes de Rueil-Malmaison et Puteaux, une dans les quatrième et neuvième arrondissements de Lyon et à Caluire-et-Cuire, une au Havre, une dernière expérimentation enfin dans la région de Saint-Brieuc qui est une zone moins dense.

Ces opérations pilotes ont un double objectif : elles nous permettent de tester à grande échelle le déploiement du compteur, en complément des expérimentations qui ont déjà été réalisées en 2010-2011, mais également de tester avec les collectivités territoriales, les associations et toutes les parties prenantes – nous avons un partenariat avec l'ADEME – quelles utilisations peuvent être faites de ces données et d'avoir des retours d'expérience. Bien sûr, les fournisseurs sont très directement impliqués dans ces opérations et jouent un rôle éminent dans la démarche.

Le déploiement sera généralisé l'année prochaine et devrait s'achever en 2022. Quant au déploiement des concentrateurs, il précédera un peu celui des compteurs eux-mêmes puisqu'il est prévu de les déployer sur une période de quatre ans.

En conclusion, ces compteurs sont la première brique de l'émergence des smart grids qui sont basés sur les utilisations hybrides chez le client, l'insertion des énergies renouvelables (EnR) dans le réseau, bref, la complémentarité des réseaux et des énergies avec l'arrivée des nouvelles technologies de l'informatique et des télécoms dans nos réseaux. Cela permet non seulement une optimisation au niveau des grands parcs de production, comme c'était le cas depuis longtemps, mais également une optimisation locale, au niveau des territoires, entre les différents réseaux et énergies.

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