Intervention de Pierre le Ruz

Réunion du 11 mai 2016 à 16h00
Mission d'information commune sur l'application de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte

Pierre le Ruz, président du centre de recherche et d'information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques, CRIIREM :

ERDF, bien évidemment !

Vous n'avez qu'à les demander aux directeurs d'ERDF ! Bien sûr, ils sont confidentiels, mais les directeurs d'ARS appellent le CRIIREM pour leur demander des renseignements.

De plus, France 3 a diffusé des reportages qui ne devraient jamais exister ! On a comparé les émissions faites par le compteur Linky en chambre anéchoïque à des mesures faites sur une trancheuse à jambon ! Et on montre des microteslas ! Cela énerve tout le monde et cela renforce le buzz ! Et je ne parlerai pas des comparaisons avec des grille-pain ! Tout cela dessert complètement le système…

C'est pourquoi le CRIIREM a envoyé une lettre ouverte pour demander que des mesures sérieuses soient réalisées. Le même problème s'était posé avec les ampoules fluocompactes. À l'époque, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) nous avait parlé d'une émission de 0,1 volt par mètre, pas plus. Un dispositif de réunions avec les principaux acteurs de la controverse – ADEME, l'AFSSET, les constructeurs de lampes fluocompactes et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) – a été mis en place pour trouver un protocole de mesures. Les résultats avaient montré des émissions de 17 volts par mètre même à 30 centimètres de la source. L'école polytechnique de Lausanne avait même trouvé un chiffre 400 volts par mètre, mais cela dépendait des ampoules et de leur puissance. Ce que l'on a découvert a permis de mettre en place des systèmes de prévention. D'ailleurs, la société chargée de la prévention des consommateurs a publié un rapport qui a mis en évidence plusieurs problèmes, y compris des risques liés au mercure. Tout cela a débouché sur quelque chose de concret qui a permis de faire retomber la polémique.

J'ai bien entendu ce que vient de dire l'un des responsables de l'ANFR. Mais je suis désolé de dire qu'il y a deux sortes de fréquences : le 50 hertz et des radiofréquences de l'ordre de 65 kilohertz. Pour le 50 hertz, on mesure le champ d'induction magnétique en microteslas et le champ électrique, qui n'est pas négligeable. Pour le 65 kilohertz, la radiofréquence que l'on utilise sur le CPL, on mesure le champ magnétique en milliampères et le champ électrique… Résumer la mesure à 20 centimètres de l'appareil à 1 volt par mètre me semble relever du raccourci. À mon avis, il faut, comme cela a été fait pour les lampes fluocompactes, réunir les scientifiques responsables qui connaissent bien la technologie, mettre au point un protocole sur lequel tout le monde sera d'accord et demander à un laboratoire indépendant – bien évidemment pas au CRIIREM – de réaliser l'étude. Il faut également effectuer des mesures sur le CPL avec des pinces ampèremétriques et des oscilloscopes pour voir comment se présentent les signaux et des mesures au niveau du concentrateur pour connaître les fréquences. On me répondra que cela nécessite des appareils spécifiques et compliqués. Mais le CRIIREM en possède. Lorsque nous avons réalisé des mesures dans le cadre du CPL, nous avions des sondes qui descendaient à 30 kilohertz et nous avons pu séparer les radiofréquences et le 50 hertz. Cela nous a permis de définir des périmètres de prévention.

Je rappelle que la valeur de 87 volts par mètre est la limite fixée pour éviter les effets aigus, alors que, s'agissant de la prévention des risques, on parle d'effets à court et long terme, de sécurité et de compatibilité électromagnétique. De surcroît, il faudra vérifier, sur le fil du CPL si les fréquences qui passent ne peuvent pas être perturbatrices d'appareils électriques ou électroniques de la maison – ce que l'on appelle la compatibilité électromagnétique.

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