Intervention de Cyril Schiever

Réunion du 22 juin 2016 à 9h00
Commission des affaires sociales

Cyril Schiever, vice-président de l'Association des laboratoires internationaux de recherche, LIR :

Nous vous remercions en premier lieu d'avoir convié l'Association des laboratoires internationaux de recherche (LIR) à échanger avec vous sur le financement de l'innovation dans les années à venir. La mission du LIR est de contribuer à trouver des solutions permettant à notre système de santé d'adopter et d'intégrer les innovations – technologiques, thérapeutiques ou organisationnelles – qui améliorent la prise en charge des patients. Nos entreprises sont toutes membres du LEEM, et je partage donc entièrement les propos de Patrick Errard.

Nos laboratoires consacrent une part très importante de leurs investissements à la recherche – plus de 20 % en moyenne, jusqu'à 40 % pour certains laboratoires. La France où plus de 700 millions d'euros sont investis chaque année dans la recherche est donc un pays attractif en la matière.

Comme ont pu en témoigner vos précédentes auditions, les acteurs du médicament sont au moins unanimes sur un point : nous sommes dans une période d'intenses innovations, ce qui nécessite que l'on s'interroge sur leurs modalités de financement et que l'on réfléchisse aux évolutions et aux réformes envisageables à moyen et long termes.

Notre système de santé est l'un des plus performants aujourd'hui, et nous avons un modèle d'accès à l'innovation qui fonctionne : comme l'a rappelé devant vous, la semaine dernière, la professeure Agnès Bazin, présidente de la Haute Autorité de santé (HAS), aucun patient ne rencontre de difficultés pour avoir accès au médicament, le budget du médicament étant l'un des mieux maîtrisés actuellement.

Cela étant, un débat oppose les partisans de deux modèles différents. Selon le premier modèle, défendu par le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), le prix d'un médicament devrait correspondre à l'addition des coûts de recherche et de production, augmentée de la marge destinée au laboratoire. Si ce modèle convient pour calculer le prix des médicaments génériques, il n'est pas adapté aux médicaments innovants, car il ne prend pas en compte les risques d'échec de développement des médicaments, qui sont très importants : moins de 5 % des molécules que nous testons ont une chance d'être mises un jour à disposition des patients. Ainsi dans la recherche menée sur la maladie d'Alzheimer ces dix dernières années : 123 essais cliniques sur 127 ont échoué.

Ce modèle n'intègre pas non plus le coût de la recherche dans les domaines où les laboratoires ne peuvent escompter aucun retour – je pense notamment à l'antibiorésistance, qui nous oblige à développer des antibiotiques destinés à être conservés pour n'être utilisés qu'ultérieurement, lorsqu'ils seront une réponse à des enjeux majeurs de santé publique.

Certains ont donc du mal à entendre que ce que nous finançons aujourd'hui, c'est la recherche de demain, et si nous parlons aujourd'hui d'éliminer l'hépatite C ou de faire des cancers des maladies chroniques, c'est précisément parce que nous avons investi depuis vingt ans dans la recherche sur ces pathologies.

Pour autant, le besoin d'investissement ne justifie nullement que le prix des médicaments innovants ne connaisse aucune limite. Ces limites sont celles qui s'inscrivent dans le second modèle de calcul des prix, qui consiste à aborder ce dernier en fonction de la valeur qu'apporte le médicament au patient. Jusqu'à présent, cette valeur correspondait essentiellement à la valeur thérapeutique du médicament pour le patient. Il convient désormais de se référer à la valeur d'efficience globale pour le système de santé. C'est à évaluer cette valeur que nous devons travailler ensemble. Nous en avons les moyens et avons des propositions à faire afin de mieux prendre en compte la performance des médicaments dans la vie réelle.

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