Nous sommes à l'aube d'un tournant important pour l'industrie pharmaceutique et l'innovation. D'abord parce que les progrès thérapeutiques connaissent une progression exponentielle, ensuite parce que le modèle des médicaments blockbusters fait progressivement place à un modèle qui repose sur les biotechnologies et des médicaments plus nombreux, mieux ciblés vers des groupes de patients plus limités. Nous devons donc repenser nos schémas pour les adapter au XXIe siècle.
Quant à l'innovation, insuffisante dans notre pays, elle est assez peu le fait de l'industrie pharmaceutique et provient surtout de start-up, de la recherche publique ou d'autres organismes, l'industrie pharmaceutique prenant le relais en rachetant soit des brevets soit ces start-up innovantes. Alors qu'auparavant l'industrie disposait d'un important secteur de recherche, celle-ci est désormais externalisée. Elle est donc financée par les pouvoirs publics, à charge pour les industriels d'en assurer le développement.
Nous disposons actuellement de moyens comme les ATU, qui permettent une mise en place rapide des traitements, ce qui représente un avantage par rapport aux autres pays européens ; mais, à l'avenir, nous devons faire en sorte que la concertation entre les pouvoirs publics et les industriels interviennent beaucoup plus en amont – cinq ans au moins – avant la mise sur le marché. Cette concertation doit permettre au Parlement de prendre des dispositions qui, tenant compte du volume et du coût des médicaments, permettront d'éviter les excès. Je pense, comme Michèle Delaunay, que cette concertation devrait se faire au niveau européen, compte tenu de la dimension internationale de la plupart des groupes pharmaceutiques.