Nous manquons d'abattoirs de proximité mais aussi d'inspecteurs sanitaires dans les abattoirs existants.
Dans le département de la Loire, quand l'abattoir de Saint-Étienne, un ancien abattoir municipal, a été privatisé, le premier souci du groupe qui l'a racheté a été de le rentabiliser : il a donc supprimé les chaînes porc et mouton qui ne rapportaient pas suffisamment. Les éleveurs et les bouchers ont réalisé un gros effort, coordonné par la chambre d'agriculture de la Loire, en vue de recréer un abattoir de proximité pour les petites espèces, porc, veau et mouton, afin de servir le marché local. Mais cet abattoir n'est pas rentable ; c'est le conseil régional de Rhône-Alpes, sous l'impulsion de Jean-Louis Gagnaire, à l'époque vice-président en charge des questions économiques, qui a pris en charge une partie de l'investissement et des frais de fonctionnement.
L'alimentation n'est pas un bien industriel comme les autres : c'est un bien commun. Faut-il absolument tout rentabiliser, attendre systématiquement un retour d'investissement, ou bien considère-t-on que le bien-être animal est important, qu'il n'est peut-être pas nécessaire de transporter les animaux sur des kilomètres et des kilomètres, qu'une structure de proximité peut permettre un abattage de meilleure qualité, une meilleure valorisation de la carcasse, une gestion des déchets plus facile ? Si ces questions sont jugées prioritaires, il faut alors admettre que de l'argent public peut venir compenser la non-rentabilité de ces outils. Nous sommes attachés à un maillage plus dense du territoire en termes d'abattoirs. La disparition des structures pose la question de l'externalisation des coûts – davantage de transport – et des dynamiques locales. Quand l'abattoir de Saint-Étienne a fermé, par exemple, les bouchers de la commune qui achetaient du porc à la ferme et le transformaient dans leurs boucheries ont dû acheter du porc en carcasses. L'acheter où ? Peu importe…
Il y a un manque de transparence dans les abattoirs. M. Bigard dit qu'il n'est pas question d'aller voir chez lui ; mais s'il n'a rien à se reprocher, qu'est-ce que cela lui coûte d'ouvrir son abattoir ? La confiance et la transparence vont de pair.
La Confédération paysanne a beaucoup travaillé sur les alternatives à l'abattage industriel : l'abattage de proximité mais aussi l'abattage à la ferme avec des abattoirs mobiles. C'est quelque chose de compatible avec le paquet Hygiène européen, les règles sanitaires et le bien-être animal. L'expérience de la Suède montre que c'est parfaitement possible. D'ailleurs, le dernier gros scandale de la viande, Spanghero, ne concernait pas un abattage à la ferme…