Je ne suis pas devenu végétarien du jour au lendemain, mais quand on regarde, à l'abattoir, les animaux dans les yeux, qu'on lit leur détresse, on comprend que c'est un grand massacre injuste – à mon époque, on tuait 700 cochons à l'heure, aujourd'hui sans doute davantage. Nous ne sommes pas obligés de manger autant de viande. Mais je ne suis pas là pour faire la guerre aux consommateurs qui mangent de la viande. Je n'ai de leçon à donner à personne ni à culpabiliser personne, juste à ouvrir les yeux, à éveiller les consciences et à montrer la réalité.
Les abattoirs mobiles seraient une bonne chose – même si on en revient toujours à la question centrale, qui est en débat dans la société, à savoir l'alimentation – et pour l'éleveur et pour l'animal. En effet, ils éviteraient à l'animal d'être transporté, déplacé vers un lieu qu'il ne connaît pas, et parqué à l'abattoir pendant une nuit – car maintenant, on fait arriver les animaux la veille. J'imagine mal ce que c'est de passer une nuit à l'abattoir pour un animal qui sent, notamment dans les traces d'urine de ses congénères, le stress, la détresse et la mort. Dans un abattoir, il y a des odeurs, des bruits métalliques, les hurlements du personnel et les cris des bêtes. L'animal ne comprend pas, c'est horrible. Quand on vous fait visiter un abattoir, on a l'impression que tout se passe bien, mais ce n'est pas si simple.
Cela étant, l'utilisation de ces abattoirs mobiles remettrait en question notre mode d'alimentation. Pour que le système fonctionne, il faudrait que l'on végétalise notre nourriture, c'est-à-dire que l'on mange moins de viande, voire pas du tout pour ceux qui le souhaitent ou en sont capables. En effet, on ne pourrait pas en produire autant avec des abattoirs mobiles.