Intervention de Michel Piron

Réunion du 29 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Piron :

Depuis le XIXe siècle, le cinéma ne cesse de fasciner et de susciter réflexions et critiques. La France entretient un rapport particulier avec ce qu'elle perçoit comme un art avant même de l'envisager comme une industrie et nous ne pouvons que nous réjouir d'accueillir ce matin Mme Bredin devant notre commission.

Je veux d'abord saluer les résultats obtenus pour l'année 2015. Les chiffres sont encourageants puisque la France se situe à la cinquième place mondiale en termes de production, à la troisième en termes de parts de marché et qu'elle a la deuxième cinématographie la plus récompensée au monde. Les crédits d'impôt ne sont pas étrangers à ces bons résultats : ils ont joué un rôle décisif pour la localisation des tournages dans l'Hexagone. Ce dispositif a permis à la France de redevenir l'un des pays les plus attractifs et nous ne pouvons que nous en féliciter.

Permettez-moi à présent de revenir sur certains points de votre rapport, à commencer par les films indépendants français.

J'ai noté que le nombre d'entrées a légèrement baissé entre 2014 à 2015, avec une diminution de 1,8 %. Elle a surtout touché, semble-t-il, les films français, pour lesquels on enregistre une baisse sensible : les entrées sont passées de 91,4 millions à 71,8 millions, soit une baisse de 21,4 %. Les films américains ont, à l'inverse, gagné en fréquentation avec une augmentation de près de 14 % des entrées. Comment expliquez-vous ces tendances ? Constituent-elles pour vous un avertissement pour le cinéma français indépendant ? Quels sont vos projets pour inciter les spectateurs à se tourner davantage vers les films d'auteurs et stabiliser le nombre d'entrées qu'ils enregistrent ?

Notre inquiétude à propos du cinéma indépendant français nous semble justifiée, compte tenu de sa contribution à une offre équilibrée sur le territoire. Pour un développement harmonieux, à côté des multiplexes qui répondent à un besoin du public et au dynamisme du cinéma, il faut préserver les artisans du cinéma, les indépendants qui ont un parti pris, au bon sens du terme, une passion du métier qui assurent une diversité culturelle à l'échelle du territoire.

Nous sommes tous ici attachés à ce que soit privilégiée une politique culturelle à même de garantir la diversité des lieux de diffusion des oeuvres cinématographiques. Il nous paraît important de mieux tenir compte des salles indépendantes et des salles d'art et essai. Quelle est votre position sur les pistes proposées par M. Serge Lagauche dans son rapport de juin 2013 sur la réforme de la procédure d'aménagement cinématographique ? Que pensez-vous en particulier de sa suggestion de renforcer les critères strictement cinématographiques pour autoriser l'implantation de nouvelles salles ?

Mon autre interrogation concerne le numérique. Depuis plusieurs années, le marché de la vidéo physique est en baisse. Les ventes de DVD ont diminué de 13,2 % entre 2014 et 2015 : le chiffre d'affaires qu'elles génèrent est passé de 618,2 millions d'euros à 536,4 millions d'euros. De la même manière, le marché du Blu-Ray a connu une baisse de son chiffre d'affaires de près de 10 % entre 2014 et 2015. Dans le même temps, le téléchargement a considérablement augmenté : le nombre de références de films téléchargés au moins une fois est passé de 12 811 en 2014 à 14 827 en 2015.

Malheureusement, en dépit ces chiffres, la disparition programmée de la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI) est en marche : le Gouvernement l'asphyxie progressivement en tarissant son budget.

Le choc de la révolution numérique doit nous conduire à nous interroger et à poursuivre notre réflexion sur les réformes à envisager, dont certaines sont préconisées par le rapport Lescure, le rapport Bonnell ou encore le rapport de la Cour des comptes. On avait évoqué, lors des Assises pour la diversité du cinéma, une réforme de la chronologie des médias : une commission déciderait chaque semaine de dérogations pour les films ne rencontrant pas de succès en salles afin qu'ils puissent faire l'objet d'une diffusion plus rapide en vidéo. Avez-vous avancé sur ce dossier ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion