Intervention de Hervé Féron

Réunion du 29 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Depuis 1989, le CNC propose différents dispositifs d'éducation à l'image comme « Collège au cinéma » et « Lycéens et apprentis au cinéma ». Ces opérations visent à faire visionner des oeuvres cinématographiques à des adolescents et à leur fournir ainsi, grâce à l'accompagnement pédagogique de leurs enseignants, les bases d'une culture cinématographique. En étudiant le bilan de « Collège au cinéma » pour l'année 2012-2013, on constate que c'est une réussite mais vous n'évoquez pas véritablement les éléments qui pourraient être améliorés. Or la sélection des films reste insuffisamment transparente et démocratique. Des comités de pilotage départementaux ou régionaux choisissent les films visionnés sur une liste établie par une commission nationale. Lorsqu'on les consulte, les professeurs demandent des films bien différents de ceux choisis. Ils préféreraient que soient diffusés des films exploitables dans la matière qu'ils enseignent. Le cinéma compte énormément de classiques et de chefs-d'oeuvre, et nombre d'entre eux seraient plébiscités par les enseignants et leurs élèves. Pourquoi ne pas laisser les professeurs choisir eux-mêmes les films qu'ils étudieront en classe ?

Pour la première fois, les instituts français s'associent à la Fête du cinéma pour multiplier les diffusions de films français à l'étranger. Ce partenariat nouveau entre le CNC et les instituts français est logique et nécessaire pour renforcer la place du cinéma français et le rayonnement de la France dans le monde, et l'on peut se demander pourquoi il n'a pas été mis en place plus tôt. Cependant, à peine vingt-neuf instituts sur la centaine d'établissements installés dans le monde ont participé cette année à l'opération. Ne pensez-vous pas que la prochaine édition devrait en mobiliser davantage ? Selon quelles modalités un institut français peut-il participer à la Fête du cinéma ? Des contraintes ont-elles pu empêcher une meilleure participation des instituts, et si oui, comment les surmonter ?

À la lecture du bilan du CNC, on apprend que ce sont toujours les films les plus chers, avec les moyens les plus considérables, qui sont les plus rentables. Cela étant, les films les plus chers sont aussi ceux qui occasionnent le plus de pertes. Pour les vingt-cinq films les plus chers, les dépenses non recouvrées s'élèvent à 182 millions d'euros, alors qu'elles sont de 11 millions d'euros pour les dix-neuf films les moins chers. Si les pertes sont mutualisées, les bénéfices restent privés. Par conséquent, les films qui sont, en moyenne, les plus susceptibles de générer des pertes, sont les plus aidés, et les films à plus petit budget sortent perdants. Ne faudrait-il pas revoir le système d'attribution des aides, afin que les producteurs les mieux intégrés aux réseaux d'exploitation de salles ne soient pas ceux qui profitent le plus des succès et de la mutualisation des aides ?

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