Intervention de Frédérique Bredin

Réunion du 29 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma et de l'image animée, CNC :

Vous vous demandiez aussi, monsieur Herbillon, quelles bonnes nouvelles nous attendions.

Je me suis déjà exprimée sur les réformes essentielles du soutien à l'exportation. Même si elles ne porteront leurs fruits qu'à long terme, il est absolument majeur de prendre aujourd'hui le tournant du relais de croissance à l'international, et de mieux soutenir la distribution qui est le maillon fragile de notre filière cinéma.

À plus long terme, face aux changements mondiaux et à l'irruption d'internet, il nous faut intégrer les géants du numérique dans notre système de soutien à la création et à l'exposition des oeuvres européennes. Jusqu'à aujourd'hui, ils ont essayé de passer au travers des mailles du filet fiscal et réglementaire européen ; désormais, grâce à l'évolution de la position de la Commission européenne et à la vigilance de l'Allemagne et de la France, nous pourrons mieux les intégrer dans notre système. Selon moi, il s'agit du défi de demain. La Commission n'a pas encore donné sa réponse à la solution que vous avez proposée il y a deux ans s'agissant des plateformes de vidéos à la demande. Je crois qu'elle le fera. Nous devons également agir concernant les plateformes qui vivent de recettes publicitaires. L'adoption du principe du pays de destination constitue un changement fondamental qui permet de mettre en place une régulation européenne, et qui porte haut et fort l'exception culturelle à l'égard des nouveaux intervenants.

Je n'ai pas évoqué le développement de la TNT. Il s'agit pourtant d'une question importante. Des mesures avaient été prises lors de son démarrage pour alléger les effets que le système de soutien à la création aurait pu avoir sur les nouveaux entrants. Bien des années plus tard, ces chaînes détiennent 27 % de l'audience et perçoivent 36 % des recettes publicitaires, alors qu'elles n'apportent que 5 % des aides des diffuseurs à la production audiovisuelle globale, et quasiment rien au cinéma. La TNT, qui s'est considérablement développée, se retrouve donc aujourd'hui en concurrence avec les chaînes historiques comme TF1, sans contribuer suffisamment à la création. Cette question est importante pour l'évolution et l'adaptation du paysage audiovisuel français.

Le soutien aux salles des communes rurales et des petites villes est un sujet qui m'est personnellement très cher, sur lequel M. Xavier Lardoux pourra vous répondre. Dans une autre vie, j'ai été maire d'une commune de moins de 50 000 habitants, et je sais ce que signifie pour une agglomération la présence d'un cinéma vivant qui attire du public. Lors de notre « tour » des exécutifs régionaux, en réponse à une forte demande, nous avons décidé que les contrats entre le CNC et les régions pourront prendre en compte les postes de médiateur des salles art et essai des petites ou moyennes communes. Ces dernières ont souvent du mal à financer seules cette démarche indispensable qui permet d'aller chercher un public. Au-delà du soutien à la production dans lequel s'engage la région, cette aide à la personne devrait être particulièrement utile.

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