Si on met de côté la question de la mise à mort des animaux et qu'on se concentre sur la souffrance, nous sommes tous d'accord pour admettre que l'acte de tuer un animal est un acte d'une extrême violence. M. Michel Le Goff, membre de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière de la Confédération générale du travail, l'a dit ici même le 26 mai.
On entend beaucoup de gens dire que la souffrance des animaux ne pourrait être effacée dans le processus qui conduit à la viande. Martial Albar, qui a travaillé comme inspecteur vétérinaire dans les abattoirs pendant douze ans, fait cette remarque assez glaçante : « En 2016, en France, on est incapable de tuer les animaux sans les faire souffrir ». La question mériterait une étude approfondie.
En ne se donnant pas les moyens d'appliquer la législation qui est censée prévenir les actes de maltraitance, on fait l'aveu qu'on accepte un système qui fait souffrir les animaux. Il faut saluer la création du délit de maltraitance, mais si l'on s'en tient à la loi sans avoir les moyens de l'appliquer, on reste au milieu du gué. En même temps qu'on s'interroge sur les peines et qu'on cherche à les homogénéiser – dans le code rural, la maltraitance concernait les élevages, pas les abattoirs et le transport –, il faut donner les moyens de mettre en oeuvre ces sanctions.