Intervention de Nicolas Dhuicq

Réunion du 29 juin 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

Je suis très inquiet de ce vent de folie, contraire aux intérêts français, qui souffle en matière de politique à l'égard de l'est. Je ne suis pas persuadé qu'en Ukraine, le gouvernement, si on peut le nommer ainsi en raison du désordre et de la corruption absolus qui règnent depuis l'indépendance du pays, est composé de gens aussi démocrates que l'on veut bien le dire, compte tenu des déclarations d'un parlementaire de la Rada qui appelle à supprimer, y compris physiquement, tout ce qui n'est pas purement ukrainien, rappelant ainsi le triste passé de la division Galicia.

Il faut une économie en bonne santé pour mener une guerre et je m'inquiète quand je vois que 6 000 entreprises allemandes et seulement 500 entreprises françaises sont implantées en Russie, que la durée d'une transaction financière commerciale effectuée par des Américains est d'une journée alors qu'elle est d'une semaine si elle l'est par des Français, que des pressions ont été exercées sur M. Renzi quand il a évoqué la levée des sanctions et enfin que notre dette est à 100 % du PIB, entraînant la perte de toute autonomie par rapport au dollar et à nos partenaires américains.

Je doute de l'intérêt de la France en ce qui concerne les pays baltes pour lesquels n'existe à mon sens aucune menace réelle ni, d'ailleurs, sur la Pologne qui est politiquement divisée. Je rappelle à ce propos que se trouve, entre la Pologne et la Fédération de Russie, la Biélorussie, un pays de dix millions d'habitants, qui a souffert des sanctions, cherche à se développer et se trouve désormais à la main du FMI.

Concernant l'OTAN, trouvez-vous normal de parler d'alliance alors que l'Allemagne rachète l'ensemble de l'appareil de défense sur le continent européen et qu'elle ne paye pas le prix du sang ? Tant que seul le soldat français, et le britannique auparavant, paiera le prix du sang, je douterai très fortement que nous ayons les mêmes intérêts que la République fédérale d'Allemagne.

Je ne pense pas non plus qu'il soit raisonnable, alors que notre flotte est dimensionnée pour deux opérations extérieures simultanées, de démultiplier ses interventions alors que nous disposons de moyens notoirement insuffisants. Vous avez évoqué une défense à 360 degrés mais que pensez-vous du repli géostratégique permanent de la France dans la zone Pacifique, de l'abandon réel du Pacifique sud, du canal du Mozambique, des nodules polymétalliques ainsi que de la Nouvelle-Calédonie et du nickel ? Que pensez-vous de l'usure de nos armées au Mali pour lesquelles je redoute des problèmes à venir en raison des distances énormes pour les communications et la logistique alors que, encore une fois, nos chers amis allemands ne font aucun effort, hormis engranger des finances pour leurs retraités, et alors que, j'en viens à regretter le Grand-Duché de Varsovie, nos chers amis polonais achètent du F16, et non du Rafale, et boudent nos hélicoptères ? La France aurait intérêt aujourd'hui à retrouver un minimum de souveraineté stratégique. Mes questions sont éminemment politiques mais c'est notre métier, aussi je comprendrai, amiral, que vous n'y répondiez pas. Elles sont également liées à la politique macroéconomique totalement incohérente qui s'acharne à détruire la souveraineté. Je crois en effet qu'il est déraisonnable de suivre aujourd'hui la doctrine Brzeziński ainsi que le fait la France et de créer cet abcès de fixation artificiel dont le peuple ukrainien est la première victime. Il serait de l'intérêt de la France de regarder vers l'est, de ne pas laisser la Sibérie aux mains des Chinois car nous avons besoin de ces matières premières que nous abandonnons. Je tiens à rappeler un chiffre que j'ai cité : 6 000 entreprises allemandes en Russie, 500 françaises, cherchez l'erreur !

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