Intervention de Bernadette Dodane

Réunion du 5 juillet 2016 à 17h30
Commission des affaires économiques

Bernadette Dodane, coprésidente de la société Cristel :

Je précise de nouveau que, pour ma part, l'ambassade du Japon nous a beaucoup aidés. Il y a quelques années, sans la compétence et la disponibilité de ses agents, il aurait été impossible de pénétrer ce marché depuis la Franche-Comté, puis de protéger notre marque et nos brevets. À ma surprise, ce service d'intermédiation, notamment linguistique, était gratuit : je pensais devoir facturer une prestation, ce que j'aurais volontiers fait. Sur la question des financements, nous sommes en autofinancement à l'international. Je comprends que des entreprises aient d'autres stratégies ; toutefois, pour moi, l'aide publique au développement international la plus efficace est l'aide humaine : quand vous n'avez pas le mode opératoire pour vous internationaliser, vous avez d'abord besoin d'être accompagné, indépendamment du montant des subventions que vous dépensez. Les attachés d'ambassade ont, par exemple, beaucoup de ressources : ils rentrent partout, au seul moyen de leur carte bleu-blanc-rouge !

Sur le sujet de l'accès aux marchés, chaque pays a sa propre culture, qu'il faut comprendre, ce qu'aident à faire les ambassades, grâce à leur connaissance du tissu économique. Elles veulent transmettre et partager ces savoirs, car cela leur permet de valoriser leur travail.

En matière de R&D, nous investissons beaucoup. Chez Cristel, la part d'innovation représente 7 % du chiffre d'affaires, ce qui est conséquent. Mais c'est ce qui nous permet de progresser : notre croissance s'appuie sur l'innovation ; une politique d'innovation est également attractive pour les partenariats à venir à l'étranger.

Le regroupement par filières ne fonctionne pas toujours très bien, car les acteurs de filière sont aussi des concurrents : sur le marché américain, il nous a fallu un an pour nous installer. Après une montée en charge très progressive, et coûteuse – 3,5 millions d'euros investis à ce jour, il faut avoir les reins solides ! –, nous avons été attaqués sur ce marché par un concurrent français, un grand groupe, qui a pratiqué des remises de prix, jusqu'à 50 %, sur tous les produits sur lesquels nous avions également une offre. J'aimerais travailler en filière, mais ce n'est pas toujours possible.

Le e-commerce à l'international est très important. Mais il faut le développer avec la compréhension des règles propres à chaque pays. Nous avons essayé aux États-Unis avec les magasins Williams-Sonoma, par exemple, qui ont 258 boutiques et réalisent 58 % de leur chiffre d'affaires sur internet. Nous leur avons donné tous les moyens pour nous développer sur internet. En réalité, nous nous sommes aperçus qu'ils n'avaient pas du tout parlé de notre concept amovible de cuisson-service. Ils ont présenté notre produit comme un autre, sans l'expliquer.

Je pense que c'est à l'État, et non aux régions, qu'il revient de s'engager sur le développement à l'international. La région ne peut pas le faire. Ce matin, par exemple, j'ai téléphoné à la personne qui s'occupe du développement à l'international pour la région Rhône-Alpes-Auvergne. Elle m'a dit qu'elle cherchait, par tous les moyens, à aider les entreprises à se développer à l'international mais que c'était très difficile à l'échelon régional. Ceci doit être de la compétence du ministère des affaires étrangères : c'est au niveau national que nous devons prendre l'engagement de développer nos marchés à l'international. Nous ne pourrons y arriver au niveau régional.

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