En Martinique, c'est la chambre de commerce qui s'occupe des offres de Business France et l'Agence française de développement (AFD) qui instruit les dossiers pour BPIfrance. Nous avons donc beaucoup de compétences fusionnées en raison de problèmes de moyens et de marchés. Je n'ai jamais eu de contact avec une ambassade, sauf via Business France qui est hébergée au sein des ambassades. Je reviens du Japon où j'ai fait une conférence de presse avec mon distributeur, à l'ambassade de France. L'image française est réellement très haut de gamme, notamment au Japon. Je me suis inscrite pour participer aux rencontres « Un entrepreneur, un ambassadeur ». Je souhaiterais mieux comprendre la répartition des rôles entre l'ambassade et Business France.
Pour renforcer nos fonds propres par des prêts de BPIfrance, il nous est souvent demandé d'avoir une situation financière positive au sens de la Banque de France. C'est un peu paradoxal. Les critères ne sont pas toujours adaptés et laissent penser qu'« on ne prête qu'aux riches ». Il est très dur d'avoir accès aux produits renforçant les fonds propres. J'ai, pour ma part, réussi à avoir une aide sur le besoin en fonds de roulement (BFR) garantie par BPIfrance à 70 %. Mais il faut alors trouver une banque qui accepte de vous donner la somme ! La banque vous demande des garanties pour les 30 % restants. Or je n'ai pas de fortune personnelle et je n'ai rien à mettre en caution. Mes associés se sont finalement porté caution. Mais sans eux, le produit n'aurait jamais été validé par BPIfrance parce que la banque ne voulait pas prendre de risque sur ces 30 %. Les aides de BPIfrance sont donc très intéressantes sur le papier mais, en réalité, cela ne fonctionne pas très bien.
Je n'ai pas de problèmes douaniers en particulier. Je pense simplement qu'il est dommage que nous devions ressaisir sur l'application douanière sur internet les données sur les quantités ou les montants que nous avons exportés. Cela est inutile car les déclarations sont, de toute façon, faites par les transitaires.
Aujourd'hui, nous ne sommes pas assez forts pour créer des petites sociétés. J'estime que, pour être fort, il ne faut pas être seul. Il m'a donc semblé plus judicieux d'être portée par ma région. M'allier avec le Cirad et les planteurs de bananes me semblait être un moyen d'être plus fort dans mon expansion future à l'international. Nous investissons fortement dans la recherche et le développement. Nous achevons justement un programme cofinancé par la région Martinique et le FEDER. La recherche et le développement nous permettent d'être innovants, de proposer des ingrédients très nouveaux sur les marchés et de créer une différenciation.
Il existe une filière, la Cosmétique Valley, à Chartres. Mais nous sommes aux Antilles. L'éloignement est une difficulté. Les entreprises qui sont sur la zone de Chartres seront privilégiées. À mes débuts, je ne pouvais pas adhérer à la filière car je n'étais pas en métropole. Je n'ai pu le faire que parce que j'ai un établissement secondaire situé en métropole. Par ailleurs, la Cosmétique Valley est une concurrente de Business France, notamment dans les salons, ce qui n'a aucun intérêt. Il faut qu'il y ait une cohérence entre les outils publics et ces filières. La notion de filière n'a de sens que si elle crée une complémentarité, et non une concurrence. Les CCI et Business France se font aussi concurrence. En Martinique, la question ne se pose pas puisque les deux organismes travaillent ensemble. La chambre de commerce de Martinique ne travaille qu'avec Business France au niveau international. En ce qui me concerne, je n'ai aucun intérêt à travailler avec une chambre de commerce puisque les accords sont faits avec Business France. C'est dommage car cela veut dire que je ne peux pas travailler autrement qu'avec Business France. Mon horizon est réduit.
Pour répondre à la question de Mme Monique Rabin, j'ai statistiquement 40 % des pays qui me contactent et 60 % des pays dans lesquels je prospecte soit dans le cadre d'un salon, soit par le biais des rencontres acheteurs avec Business France. Dans 80 % des cas, les missions de Business France sont un succès. Je suis accompagnée par les conseillers au commerce extérieur. C'est intéressant pour ceux qui ne connaissent rien à l'export. J'avais besoin, au début, de comprendre les marchés. Cet accompagnement est gratuit pendant un an, ce qui est très positif. Mais ces conseillers sont souvent des retraités qui cherchent un complément de revenu. Ils ne vous donnent pas beaucoup d'informations et veulent vous facturer une prestation. Nous devrions avoir accès à quelques informations gratuitement pour préparer notre stratégie. J'ai eu la chance d'avoir un ami à Business France qui m'a aidé à définir ma stratégie et m'a indiqué par quels pays commencer. Si j'avais dû, par moi-même, acheter des informations et choisir des pays de destination, cela aurait été beaucoup plus difficile. Il nous serait donc utile, pour préparer une stratégie et un budget de développement à l'export, d'avoir un premier niveau d'information.
Pour en revenir au e-commerce, celui-ci n'est pas simple pour plusieurs raisons. Lorsque, comme moi, vous exercez une activité dans un domaine réglementé, il faut que vos produits soient enregistrés. Il faut également que votre marque soit protégée, ce qui implique que l'on ne peut pas vendre à l'export partout où on le souhaiterait, sauf à se mettre en danger. De plus, nos propres sites de e-commerce ne répondent pas nécessairement aux réglementations des pays dans lesquels nous souhaitons exporter, notamment en matière de droit de rétractation, ou de stockage des données. L'ignorer conduit aussi à prendre des risques. En ce qui me concerne, j'ai un site japonais, un site coréen, un site canadien et un site pour le Royaume-Uni. Mais je m'appuie sur mes distributeurs, qui m'ont parfois dit que mes sites n'étaient pas parfaitement conformes à la réglementation de la vente à distance dans leur pays. Il faut être naïf pour vendre en e-commerce depuis son propre site sans se poser de questions, car l'e-export pose la question de la reverse logistic, c'est-à-dire du service après-vente, de la gestion des retours… et la distance complique beaucoup de choses. C'est pour cette raison que je m'appuie sur des prestataires ou des plateformes de e-commerce. Dernièrement j'ai été sollicitée par La Poste, qui crée une plateforme sur internet pour être une vitrine pour des entreprises françaises. Je trouve que c'est une bonne initiative, qui aide des entreprises françaises à « chasser en meute » sur internet, bien qu'elle soit incomplète – elle nécessite tout de même d'acquitter un droit d'entrée de 50 000 euros.