Intervention de François Lamy

Réunion du 5 juillet 2016 à 9h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Lamy :

Vous nous avez demandé notre avis, monsieur le président, je vous donne donc le mien. Je pense que, pour des raisons de méthode, il vaut mieux ne pas publier ce compte rendu, quitte à expliquer que nous ne comprenons pas pourquoi le préfet de police l'a voulu ainsi.

J'en viens au rapport. Nous avons évoqué, monsieur le président, monsieur le rapporteur, l'introduction d'une partie relative au fonctionnement des commissions d'enquête. Il serait bon que, pendant la conférence de presse, vous mentionniez certaines des pistes que nous proposons sur la réduction du nombre de commissaires, sur les moyens dont la commission doit disposer – Pierre Lellouche rappelait que les commissions d'enquête n'avaient toujours pas de salle sécurisée dans laquelle disposer en permanence d'informations ou de documents.

Sur le fond, je m'accorde avec de nombreuses propositions, qu'il s'agisse de l'aide aux victimes, des médias, de la rationalisation et de la meilleure coordination des services de renseignement – je pense à la fusion entre la DGSI et la DRPP. Sur les services de renseignement, précisément, puisque l'on peut déjà lire sur internet l'article du Monde sur les failles que nous aurions relevées, je souhaite également que, pendant la conférence de presse, vous rappeliez les données précises du directeur général de la sécurité extérieure : depuis janvier 2013, 69 opérations et 12 attentats contre des intérêts français à l'étranger déjoués grâce à la DGSE. Nous pouvons certes faire des propositions d'amélioration d'envergure de nos services de renseignement afin qu'ils renforcent leurs coopérations avec leurs homologues étrangers, mais voilà : on sait que le risque zéro n'existe pas, ce qu'il n'est pas inutile de rappeler non plus.

J'en viens à ce qui manque dans le rapport. Je ne reprends pas ce qu'a dit Philippe Goujon à propos de la préfecture de police ; c'est un sujet sur lequel nous devrons nous pencher à nouveau. Une autre question pourtant évoquée au cours de nos travaux, l'impossibilité pour les services de renseignement de procéder à des écoutes dès lors qu'une instruction est ouverte, ne fait l'objet d'aucune proposition. Le troisième aspect, plus technique, concerne la base de données recensant les équipements publics que nous avions parlé de créer à l'intention des forces d'intervention : c'est un gros travail, mais qui ne serait pas inutile.

Je doute de la pertinence de la proposition relative à la sécurisation des aéroports : on va sécuriser Roissy avant Orly ; et si l'on sécurise Orly, c'est une gare qui sera frappée. Je connais moi aussi l'aéroport Ben Gourion, mais l'organisation du pays et de ses renseignements, la nature du terrorisme auquel il est confronté – sans parler de la longueur des frontières –, peuvent-elles vraiment être comparées à ce que nous connaissons ? Voyez l'exemple du Thalys : la sécurisation, avec les fouilles de passagers qu'elle implique, a créé de telles files d'attente qu'une explosion sur le quai serait beaucoup meurtrière qu'elle ne l'aurait été auparavant. Sans compter la foule de passagers des trains non sécurisés en provenance du Nord, qui se presse sur le même quai, dont la surface a été divisée par deux…

En revanche, nous devrions travailler beaucoup plus sur le concept de résilience et sur ce que la société française est en mesure d'accepter.

La création de l'agence nationale de lutte antiterroriste m'inspire elle aussi quelques doutes : je crains que son annonce n'appelle l'attention sur le nouvel outil au détriment des intéressantes propositions qui tendent à rationaliser et à améliorer la coordination entre les outils existants.

Enfin, je l'ai déjà dit, je suis en complet désaccord avec l'idée d'envoyer des troupes au sol en Irak, que ces troupes soient françaises ou occidentales : ce serait parfaitement contre-productif.

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