Les amendements de Pierre Morel-A-L'Huissier pour ce dossier
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Comment expliquer qu’en 2016, 6 millions de Français vivent dans des déserts médicaux, alors qu’il n’y a jamais eu autant de médecins – 285 000 ?
Voilà plus de vingt ans que l’on ressasse la problématique des déserts médicaux, que l’on accumule des mesures incitatives. Pourtant, la situation ne fait qu’empirer. Nous sommes confrontés à un problème sanitaire grave, à une profonde fracture territoriale. Nous allons droit dans le mur !
Nous devons garantir à nos concitoyens, partout sur le territoire national, le droit d’accéder à un médecin dans des conditions raisonnables, à la fois en distance et en temps. Je rappelle qu’aux termes du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, auquel renvoie le préambule de notre Constitution, la nation garantit à tous la protection ...
Nous voyons clairement les limites des politiques incitatives. La liberté totale d’installation a abouti à une mauvaise répartition spatiale des médecins : certaines zones sont surmédicalisées, tandis que d’autres sont sous-médicalisées. Dans ces dernières, généralement rurales et périurbaines, l’on a le plus grand mal à se soigner. Si vous ven...
Nous avons tenté la méthode douce : les résultats ne sont pas probants. Nous ne devons donc pas avoir peur d’envisager des mesures structurelles – je ne parle pas, cependant, de mesures coercitives. Il faut simplement du courage. Comme je le disais déjà en 2009, dans certains endroits, il vaut mieux être une vache qu’un homme : les premières on...
Depuis longtemps j’avance des propositions ; j’ai notamment déposé une proposition de loi en 2010 à ce sujet. Notre collègue Philippe Vigier, lui aussi, se bat depuis longtemps pour établir une réelle égalité territoriale en matière d’accès aux soins. Je le remercie de mener avec tant de détermination ce combat ô combien important. Il nous pro...
Il s’agit d’augmenter le numerus clausus, en tenant compte de la démographie médicale, d’obliger les internes à effectuer leur troisième année d’internat dans un établissement situé dans une zone à faible densité médicale, et de régionaliser les épreuves d’internat afin d’adapter le numerus clausus aux besoins de chaque région.
Il s’agit ensuite de prendre des mesures visant spécifiquement les jeunes médecins, pour imposer à ceux qui font le choix de la carrière libérale d’exercer, les trois premières années, dans une zone sous-dotée. On me dit que ces chers étudiants se sentiront violés dans leur conscience. Il suffirait de leur expliquer, à leur entrée en faculté de...
Il s’agit enfin d’impliquer davantage les agences régionales de santé dans l’installation des médecins. Je parle d’expérience : dans ma commune de Lozère, le médecin est parti, et tout le monde s’en fiche, que ce soit la préfecture, l’agence régionale de santé ou le Conseil de l’ordre. Dans ce genre de situation, vous êtes seul au monde ; il y ...
Je tiens par ailleurs à rappeler que des dispositifs régulant l’installation dans certaines professions médicales existent déjà. Je connais les réticences qu’éprouvent certains de mes collègues, y compris au sein de mon groupe politique, à l’idée d’encadrer la liberté d’installation des médecins, mais ce n’est pas une profession comme les autres.
Je conclus. Il faut le faire, parce que la santé est un enjeu public majeur, parce que l’accès aux soins est un droit pour tous, parce que la Sécurité sociale assure les revenus des médecins. Être médecin, c’est donc accepter de porter sur ses épaules de très lourdes responsabilités, et accepter de se mettre au service d’un système de santé glo...