M. Jacques Bompard interroge M. le ministre de l'intérieur sur la différence de traitement qui existe en France entre l'islam et les autres religions. L'islam est la seule religion en France à avoir un statut à part dans le traitement médiatique. La moindre critique sur les préceptes de cette religion et leur totale incompatibilité dans l'espace républicain suscite immédiatement la censure politique et médiatique et est qualifiée de dérapage, de racisme ou d'islamophobie. Il a déclaré que « s'attaquer à une religion, c'est s'attaquer à la République », ce qui sous-entendrait que le délit de blasphème existe implicitement en France. Il lui demande donc de clarifier ses propos vis-à-vis de l'islam et de toutes les religions et de prendre en considération les remarques des élus locaux et autres acteurs de la vie publique sur les dangers de la dérive de l'islam radical en France.
Si l'article 2 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat dispose que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », son article 1er précise qu'elle « assure la liberté de conscience » et « garantit le libre exercice des cultes », dans le cadre des lois en vigueur. Il en résulte que s'attaquer à une religion ou à sa pratique, c'est s'attaquer à la liberté de conscience garantie par la loi et donc à la République. En outre, selon une formule consacrée, la République ne reconnaît aucun culte mais elle les connaît tous. Cela signifie d'abord que le contenu dogmatique d'une religion n'a pas à être jugé par l'Etat ; cela signifie ensuite que la laïcité n'est pas la négation du fait religieux mais au contraire écoute, ouverture et protection à l'égard de tous les cultes. C'est dans ce cadre qu'en l'espace de quelques semaines, le ministre de l'intérieur a pu se rendre aussi bien à la cathédrale de Troyes pour une béatification ou à la célébration des 850 ans de Notre-Dame de Paris qu'à la grande synagogue de la Victoire à l'occasion de Roch Hachana, ou à Strasbourg pour l'inauguration de la grande mosquée.
3 commentaires :
Le 04/10/2013 à 16:38, laïc a dit :
"la République ne reconnaît aucun culte mais elle les connaît tous" . Autrement dit la République reconnaît tous les cultes. J'adore les formules consacrées...
Ensuite : "s'attaquer à une religion ou à sa pratique, c'est s'attaquer à la liberté de conscience garantie par la loi et donc à la République". La pratique de l'islam, c'est la charia, donc s'attaquer à la charia, qui est contraire aux lois de la république, c'est s'attaquer à la république... bravo, quelle belle logique... L'assemblée nationale s'honorerait en ne répondant pas des absurdités à des questions concrètes et sérieuses.
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Le 04/04/2016 à 14:53, laïc a dit :
"C'est dans ce cadre qu'en l'espace de quelques semaines, le ministre de l'intérieur a pu se rendre aussi bien à la cathédrale de Troyes pour une béatification ou à la célébration des 850 ans de Notre-Dame de Paris qu'à la grande synagogue de la Victoire à l'occasion de Roch Hachana, ou à Strasbourg pour l'inauguration de la grande mosquée."
C'est clairement abuser. Aller à une béatification, c'est reconnaître publiquement la sainteté supposée de la personne, c'est faire le jeu de la collusion de l’État et du clergé, c'est inadmissible. Comment peut-on être ministre des cultes dans une République qui ne reconnaît pas les cultes ? C'est insensé. Le ministre de l'intérieur ne doit plus être ministre des cultes, c'est une offense au bon sens et à la cohérence républicaine.
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Le 04/04/2016 à 20:29, laïc a dit :
"Cela signifie d'abord que le contenu dogmatique d'une religion n'a pas à être jugé par l'Etat..."
Si le contenu dogmatique d'une religion va à l'encontre des lois républicaines, l'Etat ne pourra pas l"ignorer, car il a une mission de sécurité publique à garantir, et ce n'est pas en fermant les yeux sur les appels à l'illégalité qu'il pourra assurer cette mission de sécurité publique. Ainsi, l'Etat doit interdire ce qu'il doit interdire, que l'origine soit religieuse ou non, peu importe, puisque l'Etat ne reconnaît pas les cultes. Et oui, c'est tout simple de penser la laïcité, tellement simple que l'on voit tout de suite que le pouvoir politique n'est pas capable de penser l'évidence, il n'est pas capable car il ne le veut pas, il veut assurer un statut privilégié à l'islam qui lui permettra de développer la charia sans entrave ou avec un minimum d'entrave. A-t-on jamais entendu les autorités de l'Etat dire aux imams et aux musulmans : "cessez de reprendre les sourates dangereuses du coran, cessez de les enseigner, renoncez à la charia, condamnez-la" ? C'est pourtant simple à dire, et il ne le fait pas.
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