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Guénhaël Huet
Question N° 16927 au Ministère des sports


Question soumise le 29 janvier 2013

M. Guénhaël Huet attire l'attention de Mme la ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative sur la dérive affectant le sport et consistant à afficher sa pratique religieuse. C'est aujourd'hui une question cruciale qui se pose alors que de nombreuses institutions internationales, et non des moindres, abandonnent progressivement la règle de la neutralité, autorisant ainsi implicitement les athlètes à afficher leur appartenance religieuse. Cette modification des règlements sportifs est discriminatoire à l'égard des autres athlètes, hommes et femmes, chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, hindouiste, qui respectent la neutralité sportive. De nombreux exemples peuvent être donnés tels que la FIFA autorisant le hidjab sur les terrains de football (seulement pour les femmes). Au niveau national, les conséquences de cette dérive ont eu des répercussions récentes dans les milieux sportifs universitaires : trois étudiantes sont arrivées voilées en cours de sport de l'UFR STAPS de l'université de Rouen. Aussi, il lui demande de préciser sa position et celle du Gouvernement sur plusieurs propositions qui ont été faites dernièrement pour lutter contre cette dérive : interdire les pratiques discriminatoires à l'égard d'athlètes manifestant le refus de pratiquer tel ou tel sport pour des raisons religieuses et l'exigence d'hidjab ou d'une tenue couvrante non justifiée par la discipline sportive ; interdire aux équipes françaises de rencontrer des équipes étrangères qui imposeraient de telles discriminations à leurs membres et de les recevoir sur le territoire français; interpeller le CIO, la FIFA et les fédérations internationales prévoyant des dérogations ciblant les athlètes de certaines confessions religieuses. Le sport doit absolument conserver son caractère universel sans distinction religieuse entre les athlètes. Quelles sont les positions du Gouvernement relatives à l'ensemble de ces questions et à cette dérive religieuse constatée dans certains milieux sportifs qu'ils soient de haut niveau, professionnel ou simplement amateur.

Réponse émise le 9 avril 2013

La position du Gouvernement est claire : on ne porte pas de voile pour faire du sport. Un terrain de football, un stade, un gymnase, un dojo ne sont pas des lieux d'expression politique ou religieuse. Ce sont des lieux de neutralité où doivent primer les valeurs du sport : l'égalité, la fraternité, l'impartialité, l'apprentissage du respect de l'arbitre, de soi-même et de celui d'autrui. Il appartient donc au mouvement sportif français de faire en sorte que les règlements respectent ces valeurs, tout en garantissant l'absence de discrimination et une stricte égalité hommes-femmes. En effet, nul ne doit être écarté de la pratique sportive en raison de ses opinions religieuses ou politiques. Le sport est un formidable levier d'intégration, de lutte contre l'échec scolaire, d'émancipation et de réduction des inégalités sociales et culturelles. Le Gouvernement et l'ensemble des acteurs du monde sportif restent vigilants, mobilisés et déterminés à empêcher que le sport ne devienne un lieu de tensions, de sexisme ou d'exclusion.

1 commentaire :

Le 24/02/2015 à 10:27, laïc a dit :

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"La position du Gouvernement est claire : on ne porte pas de voile pour faire du sport. Un terrain de football, un stade, un gymnase, un dojo ne sont pas des lieux d'expression politique ou religieuse"

Il faut pourtant considérer que la pratique du sport doit être encouragée sans distinction d'origine, de race ou de religion, c'est-à-dire sans s'attarder sur la visibilité de la race, de l'origine, ou de la religion. Tel est l'esprit de notre constitution, en son article 1, et nous devons respecter cet esprit, sinon à quoi bon avoir une constitution sinon pour faire "genre" ? Donc l'apparence religieuse ne saurait être un obstacle à la pratique du sport. En plus, on peut imaginer un lutteur s'étant fait tatouer une énorme croix sur son épaule, et l'effigie du Christ en prime, bien visible du public, faudrait-il l'exclure pour cette visibilité qu'il ne pourrait enlever ? On voit là que la religion devient l'exact symétrique de la race, et qu'il devient donc impossible de la réprimer.

Il y a deux problèmes en fait pour la visibilité.

1- si la visibilité devient un danger pour la pratique sportive . Par exemple, peut-on faire du judo avec une croix en pendentif ? Il y a risque d'étranglement en cas de prise malheureuse, donc à exclure. Mais si un footballeur joue avec cette même croix en pendentif, le risque d'étranglement est quasiment impossible, sauf acte volontaire d'un adversaire christianophobe, mais dans ce cas c'est le christianophobe qu'il faudrait sanctionner. Donc pour évaluer la possibilité du port de la croix en pendentif, tout dépend du sport concerné, cette croix ne saurait être systématiquement interdite sauf à vouloir faire de la discrimination religieuse interdite par la loi constitutionnelle.

2 - si la visibilité religieuse se confond avec la visibilité politique. L'islam et le judaïsme développent une frontière floue entre la religion et la politique. Ces deux religions proposent en effet un système politique qui est inclus dans la croyance religieuse, la religion est inséparable du politique, à l'inverse du christianisme qui dit : "Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu". Donc séparation du temporel et du spirituel, de manière indubitable, ce qui n'est pas le cas des deux autres religions monothéistes. Donc le foulard islamique comme la kippa peuvent être interprétés comme des signes politiques, peut-être plus le foulard que la kippa car l'islam a une volonté de prosélytisme marqué que n'a pas le judaïsme. Donc participer à une manifestation ou compétition sportive avec un voile islamique ou une kippa ne serait possible que si le sportif s'engage avant à ne considérer ce signe que comme religieux, et en lui refusant toute signification politique, ce qui serait déjà une forme de renonciation à la pureté originelle de sa religion, mais la bonne volonté du participant doit être prise en compte, car le sport est avant toute chose affaire de bonne volonté. (s'il n'est pas pollué par l'argent, mais c'est une autre affaire...)

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