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Jérôme Lambert
Question N° 20714 au Ministère de l'éducation nationale


Question soumise le 12 mars 2013

M. Jérôme Lambert attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur l'illettrisme à l'école. Encore aujourd'hui 40 % des élèves sortent du primaire sans savoir ni lire ni écrire correctement et la France recule dans tous les classements internationaux en lecture Pisa, Pirls. Des centaines de milliers d'enfants et leurs parents en souffrent. L'Angleterre a fait le choix du syllabique et les résultats dépassent toutes les espérances. Au dernier classement Pirls, qui compare le niveau de lecture des enfants de dix ans dans le monde entier, l'Angleterre passe de la 19e place à la 11e place ; les écoles publiques qui ont adopté ces méthodes, font aujourd'hui partie des meilleures écoles du pays et sont devenues des modèles à suivre et les méthodes syllabiques donnent des résultats excellents avec tous les élèves. Elles sont exceptionnelles sur les élèves les plus fragiles. Il lui demande si l'utilisation de la méthode syllabique pour l'enseignement de la lecture au CP, ainsi qu'une formation pratique de tous les professeurs des écoles aux méthodes syllabiques et la mise en place d'une évaluation nationale centrée sur la lecture feront partie des sujets majeurs évalués par le Conseil supérieur des programmes et le Conseil national d'évaluation du système éducatif, créés par la loi d'orientation pour la refondation de l'école.

Réponse émise le 2 décembre 2014

Le bon usage de la langue française, tout particulièrement la maîtrise des compétences en lecture et en écriture, sont des facteurs de réussite scolaire pour les enfants. Pour les adultes, c'est un déterminant de l'insertion et de la qualité de vie professionnelle, sociale et familiale. Les statistiques réalisées par la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), publiées le 22 octobre 2012 font état d'une proportion de 88,4 % des élèves qui maîtrisent les compétences de base en français en cours moyen seconde année (CM2). Ils ne sont plus que 72 % et 80 %, respectivement en RRS et Eclair (programme Ecoles, collèges, lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite). Les évaluations Cedre, et PISA de 2012, convergent pour montrer un affaissement particulier des compétences liées à la compréhension des écrits : la proportion des élèves peu performants passe de 15,2 % en 2000 à 19,7 % en 2009. La note n° 19 de mai 2014 sur l'évolution des acquis des élèves en début de cours élémentaire seconde année (CE2) entre 1999 et 2013 rapporte une hausse du pourcentage d'élèves les plus faibles (de 10 % en 1999 à 12.7 % en 2013). En lecture, on constate une stabilité dans les tâches de décodage (avec 89 % de réussite, sans variation et un affaissement en compréhension de texte : 43 % de réussite en 1999 pour 40 % en 2013). La langue française est considérée phonégraphiquement opaque mais elle manifeste une régularité moyenne d'environ 85 %. Bien que le français soit une langue alphabétique, du fait de ses évolutions historiques, la difficulté de son apprentissage en cours préparatoire tient d'une part à son asymétrie entre l'oral et l'écrit (26 lettres existent pour formaliser les 130 graphies écrites qui codent les 35 sons de l'oral) et, d'autre part, à la complexité de sa morphologie. Il est plus facile de lire que d'écrire le français. Les enseignants mettent en oeuvre dans les classes de cours préparatoire les programmes en vigueur qui stipulent une entrée dans l'écrit par une méthode synthétique de type phonique (j'entends un son, j'apprends à l'écrire puis je fusionne plusieurs sons et j'apprends leurs graphies) ou syllabique (je vois une graphie, j'apprends à la prononcer dans des contextes syllabiques, puis/et dans des mots). Les résultats des élèves dans ce domaine, à la fin du cycle 2, sont satisfaisants et stables comme le montre la récente enquête comparative 1999/2013 (Note d' information n° 19 - mai 2014) de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP). Au Royaume-uni, les résultats progressent lorsque la méthode synthétique est mise en oeuvre. La langue anglaise est également alphabétique, même si elle est moins régulière phonégraphiquement que le français. C est ce que révèlent les inspecteurs de l'Office for Standards in Education, Children's Services and Skills (OFSTED) à partir de certaines expérimentations récentes conduites notamment en Ecosse avec les Programmes of study for reading and writing proposant un travail formel poussé sur l'apprentissage de la langue orale chez les plus petits, puis sur l'écrit, en identification des mots et compréhension, chez les plus grands. Le rapport Reading by six présente ses résultats favorables, mais avec des réserves implicites : 58 % des élèves, anglophones et non anglophones, de six ans réussissent les tests phonémiques. Cela manifeste qu une approche de ce type s'adresse à tous, y compris ceux dont la langue maternelle n'est pas la langue de scolarisation, mais également que 42 % ne réussissent pas le test complètement. Dès 2005, l'étude du Clackmannanshire montrait qu'à n+ 6 ans de l'apprentissage (équivalent d'âge CM1 français) les élèves ayant appris avec une méthode synthétique montraient un écart positif de +10 points sur la lecture et l'épellation de mots, et de +7 points en écriture (Test WOLD), par rapport à l'usage d'une méthode mixte, d'ailleurs assez peu décrite. Ce différentiel est normal, la langue anglaise est plus difficile à écrire qu'à lire. Pour finir, les chercheurs n'ont pas su expliquer les 6 % d'élèves en très grande difficulté. Rapprochés des élèves en difficulté français, on peut extrapoler qu'ils sont en échec pour les mêmes raisons. La maîtrise de la langue est une priorité absolue de l'Ecole : le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, en cours de rénovation sur la base des propositions du Conseil supérieur des programmes (CSP) place la connaissance de la langue française, langue de scolarisation, comme compétence majeure de l'apprentissage. De nombreuses actions sont engagées ou poursuivies en primaire pour favoriser l'apprentissage des fondamentaux de la langue, par exemple : - la priorité accordée à l'école primaire, et plus particulièrement à l'école maternelle ; - la mise en oeuvre de la scolarisation des enfants de moins de trois ans, notamment en éducation prioritaire ; - le dispositif « plus de maîtres que de classes » ; - des protocoles de travail sur le vocabulaire, organisés pour des leçons spécifiques, sont mis à disposition des enseignants dès l'école maternelle ; - de nouvelles pistes sont exploitées dans le domaine du numérique, qui peuvent apporter des solutions alternatives à la réconciliation avec l'écrit pour ceux qui s'en sont éloignés. La circulaire de rentrée 2014 (22 mai 2014) insiste sur la maîtrise de la langue et la priorité accordée à son apprentissage. La formation des enseignants est par ailleurs refondée dans les écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE) et doit tenir également compte d'une meilleure connaissance du diagnostic des difficultés et des aides les plus appropriées pour améliorer la réussite des élèves.

1 commentaire :

Le 05/05/2013 à 15:02, chauvin a dit :

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Cher Mr Lambert,

Une méthode qui fait ses preuves avec les enfants en difficulté d'apprentissage de la lecture est Borel-Maisonny. Une version très proche est mise en oeuvre dans certaines écoles privées (Jean qui rit, alphabétique gestuelle). Pour l'avoir utilisée avec succès avec des enfants qui ne parvenaient pas à apprendre à lire de façon conventionnelle, j'ai constaté que le geste (et les sons qui accompagnent) donnaient une vraie clef d'accès au mot. L'apprentissage de la lecture n'est pas une question d'argent mais de méthode. Permettez-moi de vous rappeler que l'illettrisme existe également de façon scandaleuse en France et en Charente dans certains instituts médico-éducatifs. Le dernier rapport de l'ARS (Com'Stat, avril 2013) donne un bilan de la scolarisation (p7) mais derrière les mots et les statistiques se cachent des réalités très diverses.(que penser quand un enfant sans problème cognitif ne peut "bénéficier" que de deux heures de cours par semaine), j'observe que sous le vocable "retard mental" attribué à certains enfants pour justifier le manque de scolarisation il y a en fait l'incapacité de l'administration à leur assurer les conditions de stimulation intellectuelle nécessaires. Je pense qu'il est du devoir de tous les élus charentais d'investiguer, dresser un bilan et agir dans ce domaine. Je ne comprends pas que ce gouvernement envisage l'école à trois ans lorsqu'il reste tant à faire pour la scolarisation des enfants handicapés, aurions-nous une politique à deux vitesses? Merci pour votre écoute que je sais attentive.

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