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M. André Chassaigne interroge Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les conditions d'application de la loi Sauvadet. La loi n° 2012-347 du 12 mars 2012, dite loi Sauvadet, avait pour ambition de résorber le « stock » d'agents contractuels dans la fonction publique. L'amendement n° 1278 du 28 septembre 2015 a prolongé de deux ans l'application de cette loi. Cependant, force est de constater que l'objectif n'est pas atteint. En effet, des dispositions trop restrictives entravent la titularisation d'un grand nombre d'agents contractuels. Pour exemple, un professeur enseignant depuis 2000, totalisant plus de dix années d'enseignement, se trouve exclu de ce dispositif sans en connaître les réelles motivations. Malgré une dernière évaluation pédagogique lui attribuant une note de 51/60, une présentation de son dossier RAEP (Reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle), elle ne peut satisfaire aux exigences du concours réservé. Aucune méthodologie préparant à ce concours n'est apportée aux candidats qui, pour la plupart d'entre eux, ne connaissent pas les attentes des examinateurs. De plus, les syndicats mentionnent la faible éligibilité des agents contractuels à ce dispositif. Ils pointent notamment une forte déperdition lors de l'examen du dossier RAEP, près de 60 % des agents étant éliminés après étude de ce dernier. Il lui demande quels moyens complémentaires à la loi Sauvadet elle compte mettre en œuvre afin de titulariser le nombre encore trop important de contractuels dans l'éducation nationale.
Cette question n'a pas encore de réponse.
2 commentaires :
Le 23/03/2017 à 14:37, Laïc1 a dit :
"Ils pointent notamment une forte déperdition lors de l'examen du dossier RAEP, près de 60 % des agents étant éliminés après étude de ce dernier. "
Il est clair que les dossiers RAEP sont une entrave à la sélection objective et honnête des candidats. Ces dossiers constituent un prétexte pour éliminer les candidats qui ne sont pas du système. Ainsi on demande un dossier RAEP pour passer les Capes interne, ce qui élimine d'emblée les candidats qui n'ont jamais enseigné, puisqu'ils ne peuvent pas prouver par l'exemple vécu leur aptitude à l'enseignement, même s'ils ont les compétences théoriques suffisantes pour le faire. Si ces candidats viennent d'une autre administration, ils passent le Capes interne justement pour pouvoir enseigner, comment dans ces conditions pourraient-ils produire un dossier RAEP qui exposerait leurs expériences d'enseignement ? C'est un procédé tout à fait malhonnête et indigne pour éliminer les gens qui ne viennent pas l'éducation nationale.
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Le 24/03/2017 à 08:52, Laïc1 a dit :
Pour plus d’éclaircissement sur l’utilité de ce dossier RAEP, voici un extrait du rapport du jury de l’épreuve de lettres classiques du Capes interne année 2012 :
Le président du jury, M. Mazouer, professeur des Universités, parle :
« Je me contente donc de trois remarques générales. (Nous verrons ici seulement la première.)
1/ Comme je l’avais indiqué dans mon rapport du précédent concours, la suppression de l’épreuve disciplinaire continue de nous paraître très regrettable, car la première mission d’un concours de recrutement de professeurs consiste à vérifier leur niveau académique dans les matières qu’ils enseigneront. Et nous souhaiterions vivement que cette épreuve disciplinaire soit rétablie. Elle a été remplacée par le dossier de l’épreuve de RAEP, qui ne peut évidemment avoir la même fonction. Il s’agit en effet du rapport d’une expérience d’enseignement, censé permettre de juger les qualités pédagogiques diverses des candidats – un récit, non une situation d’enseignement réelle et concrète, devant des élèves, qui seule, de manière directe, permet d’évaluer un professeur. De fait, si la moyenne des notes obtenues (8,23 pour le public et 9,17 pour le privé) n’a rien d’indigne, et si ce dossier permet de saisir et d’apprécier quelques aspects de la technique pédagogique des candidats, il est apparu derechef au jury que ce dossier ne permettait pas véritablement, avec une justesse et une justice exactes, de classer ces candidats à l’enseignement des Lettres classiques. «
Puis, plus loin :
« On peut faire un excellent dossier RAEP sur une réalisation pédagogique moyennement réussie dans la réalité ! »
Tout le monde aura compris que l’on peut trafiquer à loisir ses propres expériences d’enseignement, et transformer un fiasco absolu devant les élèves en une brillante réussite devant les membres du jury, il suffit simplement de travailler le dossier… Donc quelle valeur peuvent avoir ces dossiers RAEP, sinon de mettre en évidence les capacités du candidat à transformer la réalité pratique vécue en réussite magistrale théorique à usage du jury ? Quel candidat va avouer : "j'ai complètement loupé mon expérience pratique d'apprentissage ?"
Ainsi, ces dossiers 1 -n’apportent pas d’éléments suffisamment étayés pour établir le niveau réel du professeur, 2 - ils n’apportent pas d’éléments suffisamment vérifiés pour attester des capacités du professeur à enseigner devant des élèves, et enfin 3 -ils discriminent et excluent carrément les étudiants et candidats de l’administration hors éducation nationale n’ayant jamais enseigné contre ceux qui ont une expérience d’enseignement, aussi détestable et ratée soit-elle.
Donc 3 raisons qui permettent de demander l’abrogation de ce dossier RAEP, pour plus de justesse et de justice, comme le dit objectivement le président du jury, M. Mazouer.
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