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Franck Reynier
Question N° 18937 au Ministère de l'agriculture


Question soumise le 19 février 2013

M. Franck Reynier attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur le phénomène alarmant de la disparition des abeilles. En effet, l'abeille est essentielle au développement des activités naturelles, à la pollinisation des végétaux et à la survie de notre écosystème. Il est observé depuis plusieurs années un effrontément spectaculaire des populations. De nombreuses études (revue Science, Institut national de la recherche agronomique [INRA]) incriminent une famille de pesticides neurotoxiques, les néonicotinoïdes, pour expliquer la surmortalité des abeilles. Les néonicotinoïdes, insecticides les plus répandus dans le monde, agissent sur le système nerveux central des abeilles et leur font perdre le sens de l'orientation. Après une étude de plus de dix ans, l'EFSA saisie par la Commission européenne vient de produire une étude majeure où sont démontrés les effets sublétaux et d'orientation des insecticides néonicotinoïdes sur les abeilles. Ceux-ci expliqueraient en partie l'effondrement des colonies. Compte tenu de la situation, il lui demande quelles mesures il souhaite mettre en place afin de garantir la protection des insectes qui contribuent à la pollinisation des plantes à fleurs et sont les garants de la biodiversité.

Réponse émise le 26 mars 2013

La Commission européenne a demandé à l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de réévaluer le risque, pour les abeilles, de trois substances actives de la famille des néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiamethoxam). Dans ses trois avis du 16 janvier 2013, l'EFSA a conclu qu'il ne pouvait être écarté un risque pour les abeilles, sur les cultures de maïs, colza, tournesol, coton, traités avec des produits contenant ces substances. La Commission a proposé le 31 janvier 2013 de suspendre pendant deux ans, à compter du 1er juillet prochain, l'utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant ces substances actives, sur les cultures attractives pour les abeilles. Le ministre chargé de l'agriculture a salué les propositions faites par la Commission européenne et soutient le principe d'une interdiction, les propositions de la Commission européenne s'inscrivant dans la droite ligne du retrait de l'autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR opéré en juin 2012. Le ministre chargé de l'agriculture a réaffirmé sa volonté d'aller vers une décision qui soit européenne, pour éviter les problèmes de distorsion de concurrence et qui définit les mesures réglementaires suffisantes et proportionnées pour maintenir une agriculture écologiquement et économiquement performante. Dans ce cadre, les autorités françaises ont attiré l'attention de la Commission sur les conséquences d'une décision d'interdiction généralisée qui laisserait un certain nombre de filières dépourvues de moyens de lutte contre certains organismes nuisibles, notamment de quarantaine. Les dispositions nationales de l'arrêté interministériel du 13 janvier 2009 modifié relatif à l'émission des poussières, lors de l'enrobage des semences de maïs avec des produits phytopharmaceutiques et de la réalisation du semis de ces semences traitées avec des produits insecticides, restent en vigueur et seront étendues à d'autres cultures et aux produits à fonction fongicide. La surveillance des troubles des abeilles sur le territoire se poursuit. Elle vise à collecter les informations en cas de mortalités brutales et permet ainsi de disposer d'éléments permettant une évaluation d'éventuels effets non intentionnels des pratiques agricoles sur les abeilles. Plus globalement, le plan national de développement durable de l'apiculture française décline des constats et propose des actions à mettre en oeuvre pour lutter contre les différents facteurs responsables du phénomène de dépérissement des colonies d'abeilles ainsi que pour structurer et promouvoir la filière apicole.

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