M. Christophe Premat appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les cas d'hépatite E qui se sont multipliés ces dernières années et qui peuvent menacer certaines transfusions sanguines. Au Royaume-uni un donneur de sang sur près de 3 000 est porteur du virus de l'hépatite E. Publiée le 28 juillet dans la revue médicale The Lancet, à l'occasion de la journée mondiale contre l'hépatite, l'étude consistait en une analyse systématique des dons du sang. 79 dons sur 225 000 étaient infectés par une version du virus, le génotype 3, qui est prédominant dans les pays européens. Le docteur Richard Tedder (unité des virus à diffusion hématogène du service de santé publique) et ses collègues estiment qu'il y a environ 100 000 infections par le virus E de l'hépatite par an en Angleterre ; des fréquences similaires sont également repérées dans d'autres pays européens dont la Suède. Le virus peut être dangereux pour les femmes enceintes et les patients souffrant de troubles du système immunitaire. Il souhaiterait savoir son opinion sur l'opportunité de proposer un dépistage systématique de ce virus lors des opérations de don du sang.
Le virus de l'hépatite E (VHE) est un virus à acide ribonucléique (ARN) non enveloppé, répandu dans le monde entier et connu depuis 1990. Sa prévalence est encore sous-estimée en Europe et en Amérique du Nord. Quatre génotypes de ce virus sont connus ; les deux premiers sévissent dans les pays d'Afrique et d'Asie et se transmettent par voie oro-fécale. Dans les pays industrialisés dont la France, où le génotype 3 est le plus fréquent, il s'agit plutôt d'une zoonose ; la transmission est alimentaire par consommation de viande crue ou mal cuite (cerfs, sangliers, porcs...) ou de coquillages. Le tableau clinique de l'hépatite E est très souvent asymptomatique et se manifeste par une cytolyse hépatique aigüe qui se résout spontanément dans la plupart des cas. Cependant, des formes sévères ou chroniques sont observées chez certains patients dont ceux qui sont immunodéprimés (à la suite d'une transplantation d'organes ou en cours de traitement d'hémopathies malignes). Dans ces situations, la diminution de l'immunosuppression et/ou une thérapie anti-virale permettent la guérison dans la majorité des cas. La séroprévalence (présence d'anticorps attestant d'une infection ancienne et guérie) du VHE chez les donneurs de sang en France est estimée à 22,8 % avec des gradients régionaux allant de 15,1 % dans les Pays-de-la-Loire à 40,2 % dans le Sud-Ouest. Le taux de dons positifs pour la présence du virus est estimé à 4,2 pour 10 000 soit 1 don sur 3 800 selon les données actuelles obtenues par dépistage génomique viral. La transmission par la transfusion de produits sanguins labiles (PSL) est documentée : toutes les catégories de PSL sont impliquées dans les 16 cas d'hépatites post-transfusionnelles déclarées entre 2006 et 2014. Il n'existe à ce jour aucun cas avéré de transmission de VHE par un médicament dérivé du sang (MDS) dans le monde. Les progrès en matière de diagnostic à grande échelle permettent à présent d'envisager une stratégie de dépistage du VHE sur la totalité des dons de sang destinés à la préparation des différentes catégories de PSL (concentrés de globules rouges, plasmas, plaquettes).
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