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...Monsieur le président, monsieur le ministre des outre-mer, madame la ministre déléguée chargée de la famille, mes chers collègues, c’est avec beaucoup d’émotion et surtout une puissante détermination que je viens à cette tribune pour mettre en lumière un épisode que notre République a essayé de cacher. Voici cinquante ans que des vies de femmes et d’hommes sont bouleversées, cinquante ans que des histoires personnelles se heurtent et s’enchevêtrent avec le destin d’un pays : le nôtre. La Réunion des années 1960, qui avait tout juste cessé – depuis 1946 – d’être une colonie française, était pauvre, bien plus pauvre qu’elle ne l’est aujourd’hui. Elle connaissait la grande misère, l’alcoolisme, l’analphabétisme et l’explosion démographique. C’était le résultat d’un manque cruel d’écoles, de lycées e...
...manichéen, en expliquant que des jeunes enfants auraient été arrachés à leur famille. Cela nous parait un abus de langage choquant. À cet égard, permettez-moi une citation. « Tous ces procès posthumes, ces déballages de turpitudes, vraies ou fausses, mais rarement désintéressées, ne peuvent qu’alimenter la division des Français, trop enclins à s’entre-déchirer, et ternir l’image de notre pays. L’histoire, la vraie, exige plus de recul et de sérénité. » Eh bien, je ne saurais mieux dire ! Ces propos, mes chers collègues, sont ceux d’André Chandernagor, ancien ministre et président socialiste – j’insiste sur ce mot – du conseil général de la Creuse, dans ses mémoires intitulés La liberté en héritage, publiés en 2004. Les mots « déportation », « rafle », « esclavage », ont été employés ; ils sont e...
Certes, si l’on ne peut qu’être favorable au fait de faciliter, pour les ex-pupilles, la reconstruction de leur histoire familiale et l’accès aux documents administratifs de l’époque, il n’est pas question de faire aujourd’hui le procès des services sociaux. Car le rapport de l’IGAS, qui avait été demandé par Mme Guigou, est clair : « [La mission] n’y a pas vu la marque d’une volonté de migration délibérément dirigée à l’encontre des jeunes de l’aide sociale à l’enfance. [… ] Au total, sur la base de l’étude de no...
Vous n’avez pas le monopole de l’amour de La Réunion ! Cette volonté, disais-je, d’instrumentaliser l’histoire et cette dérive vers la repentance ne sont pas de nature à répondre de façon apaisée et objective aux souffrances de certains. C’est également nier les efforts qui ont été menés alors par Michel Debré, véritable bienfaiteur de La Réunion, pour sortir ce département de la crise économique et sociale qu’il connaissait alors et pour conduire à bien sa mutation. Dans ces conditions, vous comprendrez...
Monsieur le président, madame la ministre déléguée, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’histoire des enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970 est l’expression de la culture républicaine d’un temps et d’un lieu donnés. Et le cours de l’histoire a fait qu’un dispositif qui était alors inédit apparaît aujourd’hui comme une réalité invraisemblable. Oui, les mineurs transférés sont l’expression sensible d’une période historique, comme le sont les rapports de la métrop...
Suivent d’autres plaintes. Certaines d’entre elles sont relayées par des associations de Réunionnais qui se qualifient de « déportés » et demandent réparation. Ces plaintes remontent même jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme, mais toutes échouent. C’est un nouveau coup dur pour ces enfants réunionnais qui n’arrivent pas à faire le deuil d’une histoire familiale complexe vécue entre La Réunion et la métropole. Les demandes de réparation se multipliant, la ministre de l’emploi et de la solidarité, Élisabeth Guigou, demande alors à l’Inspection générale des affaires sociales de procéder à une enquête « sur la situation d’enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 ». Dans les conclusions de son rapport publié en octobre 2002, l...
...lant et éviter de tomber dans des généralisations qui desserviraient le combat des ex-pupilles réunionnais. Le rapport de l’IGAS conclut finalement à l’absence de faute des services sociaux et de l’État et propose le financement d’un billet d’avion aller-retour pour celles et ceux qui souhaiteraient revoir leur île natale. C’est une première avancée pour ces enfants qui souhaitent connaître leur histoire. Personne n’est sorti indemne de ce sursaut de l’Histoire, ni les Réunionnais ni les métropolitains qui, pour la plupart, ont découvert les faits avec effroi en 2002. Heureusement, cette histoire n’est pas tombée dans l’oubli, notamment grâce au travail de mémoire entrepris par le département de La Réunion. Le 20 novembre 2013, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, l...
...tant en faire un destin. On peut aussi assumer le passé sans en faire le prétexte du ressentiment et de l’exclusion. Les Réunionnais déplacés pensent, à juste titre, que la lumière doit être faite sur cette période de leur vie, sur cette enfance dont certains considèrent qu’elle leur a été volée. Ces ex-pupilles réunionnais, devenus adultes et parents à leur tour, ont le droit de transmettre une histoire à leurs enfants. Mais soyons prudents avec la mémoire et avec les vies dont nous parlons. Ne passons pas de la nuit au jour, comme si tout était simple. Parlons des vies et des familles au cas par cas. Prenons soin de ne pas mettre le trouble là où il n’existe pas. Et même s’il ne s’agissait que d’une saine intention, pourquoi ne pas passer au préalable par un approfondissement de cette histoire...
N’oublions pas, enfin, que notre vote, que cette résolution seront observés et analysés. Ce n’est qu’une fois ces approfondissements effectués que nous pourrons examiner ensemble les moyens concrets – car il faut du concret – à engager pour la mémoire de ces enfants, de ces parents, de ces histoires qui doivent décidément être celles d’une façon d’écouter et d’accueillir la vie. Nous sommes à l’heure des réconciliations et des réparations. C’est un moment important que nous ne devons pas négliger, au risque de discréditer cette dramatique histoire. Une mémoire collective se construit non pas dans la rapidité, comme le laisse supposer cette proposition de résolution, mais progressivement. ...
Monsieur le président, madame la ministre déléguée, monsieur le ministre, madame la rapporteure, mes chers collègues, aujourd’hui, lorsque nous aurons voté cette proposition de résolution relative aux enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970, nous pourrons refermer l’une des dernières pages obscures de notre histoire contemporaine. C’était une époque où l’État avait créé le BUMIDOM, acronyme du Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, afin d’organiser, de favoriser et de développer la promotion d’une émigration massive en provenance des départements ultramarins. C’était une époque où, sous couvert de mener une politique jacobine et nationaliste, l’État s’était mis en tê...
... à l’esprit le débat autour des lois dites mémorielles. Comme le démontrera, après celui-ci, le débat qui portera sur l’excellente proposition de résolution relative au plateau continental, principalement défendue par mon excellente collègue Annick Girardin, cette procédure devrait plus souvent être utilisée. À travers la présente proposition de résolution, il s’agit de rappeler solennellement l’histoire meurtrie de centaines de pupilles d’origine réunionnaise, dont certains sont ici aujourd’hui. Il s’agira, dans un instant, d’aider le gouvernement français à se dépêtrer d’une situation internationale préjudiciable aux intérêts de la France. Je veux remercier notre collègue Ericka Bareigts d’avoir pris cette initiative que nous soutenons et j’associe à mes propos mon collègue Thierry Robert, dépu...
...ement de l’époque d’organiser un vaste transfert de populations vers les départements de la France continentale. Il n’est pas indifférent que ce député soit le plus jacobin des hommes politiques français de l’après-guerre. Tout l’engagement politique de Michel Debré a été guidé par son idéal de fusion de tous les territoires et de toutes les populations françaises dans une seule nation, une seule histoire, une seule culture et un même destin. C’est dans ce contexte qu’a été créé en 1963 le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, le fameux BUMIDOM qui a représenté l’espoir pour des jeunes privés de perspectives, mais qui n’a pas toujours exaucé les rêves des jeunes des départements d’outre-mer, de sorte qu’il en reste, dans la mémoire collective, un souvenir ...
...issant le devoir qu’a l’État de mettre en oeuvre, pour ceux que nous connaissons sous le nom de « Réunionnais de la Creuse », les moyens de connaître la vérité sur ce qu’ils ont perçu comme un abandon. En tant que députée, mais aussi en tant que citoyenne, j’ai cherché à comprendre ce qui amenait, plus de cinquante ans après le début des faits, des hommes et des femmes à vouloir reconquérir leur histoire personnelle. Qu’aurais-je ressenti, si, déracinée, j’avais eu à lever mes yeux sur d’autres visages que ceux de mes parents ? Qu’aurais-je pensé de ce ciel qui ne ressemble pas au mien ? De cette langue que j’entends et qui n’est, ni tout à fait une autre ni tout à fait la mienne ? Pourquoi ? Pourquoi suis-je si loin ? Pourquoi ne puis-je rentrer chez moi ? Pour quelle raison mes lettres resten...
...ne peut comprendre ou excuser. Je les condamne sans réserve. La Creuse n’avait rien demandé. Ces arrivées étaient très insuffisamment préparées. Même si ce département a joué un rôle administratif important, les moyens mis en place n’étaient pas à la hauteur de la mission qui lui a été arbitrairement confiée. Le texte qui nous est proposé aujourd’hui par Ericka Bareigts permet d’inscrire dans l’histoire des faits que personne ne souhaite oublier, mais que personne ne veut non plus utiliser à d’autres fins que celles de la reconnaissance humaine et morale. L’État doit assumer ses responsabilités. Il doit reconnaître sa responsabilité morale. J’apporte sans réserve, de par ma fonction d’élu, le soutien total des habitants de mon département à cette résolution équilibrée et utile. Je veux toutef...