Éric Alauzet a dit que si Hinkley Point ne se faisait pas, toute la crédibilité d'EDF et de la filière nucléaire française serait en cause. Je rappelle tout de même que le nucléaire représente 125 000 emplois. Le « Grand carénage » et d'autres opérations devraient entraîner la création de 110 000 emplois directs et indirects.
Soit l'on considère qu'il faut faire table rase de la filière nucléaire en France, alors que les chiffres fournis dans le rapport montrent que des projets assez importants sont en cours dans le monde entier, soit l'on essaie de passer le cap, avec un EPR qui a sans doute été un peu trop sophistiqué, mais que j'espère voir passer sur le plan de la sûreté et de la technique.
En dehors du conflit qui a opposé EDF et AREVA pendant quelque temps, nous sommes en train de payer le fait de ne pas avoir construit de centrales pendant vingt ans : l'expérience a été perdue. Le même phénomène a été constaté dans des secteurs moins stratégiques. Ainsi, lorsque l'on a envoyé massivement le personnel du secteur du bâtiment en préretraite, la qualité de la construction en a souffert, car il n'y a pas eu de transmission des savoirs. L'idée est donc de capitaliser sur l'expérience acquise à Flamanville, Olkiluoto et Taishan pour anticiper la construction du parc français de nouvelle génération.
Il y a un mois ou un mois et demi de cela, mes conclusions auraient peut-être été différentes. Un rapport a été demandé par EDF à M. Yannick d'Escatha pour savoir quelles mesures il fallait prendre. J'ai pu consulter ce rapport. Il dresse un constat sans complaisance des problèmes rencontrés par EDF, tant sur le plan de l'organisation que sur le plan technique, et préconise des solutions qui ont été mises en place par le groupe.
Ce rapport m'a rassuré sur un certain nombre de questions, mais il ne peut pas être rendu public, car EDF est en concurrence internationale, coté en bourse, et certaines informations ne peuvent pas être diffusées. Sur la garantie de volume, des accords sont imbriqués, et ils ne doivent pas être rendus publics. Sur le plan des techniques internes, certaines spécificités du nucléaire français ne doivent pas non plus être rendues publiques. Ce rapport m'a particulièrement impressionné, car il identifie clairement les maux et propose des solutions pour y remédier.
Reste un problème pour Hinkley Point : le délai paraît trop court. Mais les calculs ont été faits : si les travaux se prolongeaient, le taux de rentabilité interne diminuerait de 20 points de base pour six mois de retard, ce qui serait encore correct. Entre le temps de décaissement et le retour, il faudra toutefois régler un problème de trésorerie.
S'agissant de TVO, il faut arriver à passer un accord. À défaut, nous entrons dans une autre stratégie, qui demande dix-huit mois à deux ans. Or les deux entreprises, tant AREVA qu'EDF, ont besoin de régler le problème rapidement pour qu'il ne pèse pas sur leur trésorerie ou leur stratégie. La même remarque vaut pour les cuves : l'ASN doit rendre sa décision le plus rapidement possible.