Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 5 juillet 2016 à 16h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, Présidente de la Commission :

« L'éternité, c'est la mer allée avec le soleil », disait Rimbaud. Certes, la contemplation de la Méditerranée peut nous donner ce sentiment d'éternité, mais la mer elle-même, dans quel état est-elle ? La pollution imposée par l'homme a pris une ampleur si considérable au cours des quarante dernières années que l'on peut se demander si la vie et les merveilles de l'espace terrestre et maritime méditerranéen, fruit d'un équilibre délicat, ne sont pas aujourd'hui menacées.

Comment ne pas penser, en ouvrant cette table ronde sur la protection et le développement durable de la Méditerranée, au drame humain qui se joue actuellement dans ses eaux ? Il ne faudrait pas, comme le disent nos amis Italiens, que Mare nostrum devienne un grand cimetière... Or, le réchauffement climatique a des effets sur la vie des populations méditerranéennes et, si les réfugiés syriens fuient la guerre, ils fuient également la famine liée à la désertification. Nous devons avoir présente à l'esprit l'ampleur de la crise qui affecte la Méditerranée.

La Commission des affaires européennes a souhaité que débutent par cette table ronde les travaux de la mission d'information sur la protection et le développement durable de la Méditerranée, pour laquelle ont été désignés trois rapporteurs : Jean-Louis Roumégas, présent aujourd'hui, Rudy Salles et Jérôme Lambert.

La Méditerranée est notre patrimoine commun. Il nous faut donc nous poser d'abord la question de la biodiversité. De fait, la Méditerranée est considérée, sous cet aspect, comme l'un des vingt-cinq points chauds que compte la planète, lesquels désignent une zone géographique contenant au moins 1 500 espèces endémiques mais ayant déjà perdu 70 % des espèces présentes dans leur état originel. La Méditerranée ne représente que 1 % de l'océan mondial, mais elle abrite 4 % à 18 % des espèces marines communes.

Les menaces sont nombreuses. Outre la pollution tellurique et l'étalement urbain sur les côtes, il faut citer les déchets venant du continent – métaux lourds, pesticides, eaux usagées… –, la pêche professionnelle – selon la Commission européenne, 96 % des stocks de poissons sont surexploités alors que la Méditerranée n'est pas soumise aux quotas par espèce –, le tourisme – le Plan bleu, qui associe le Plan d'action pour la Méditerranée et le programme des Nations unies, prévoit qu'en 2025, le flux de touristes atteindra 630 millions de personnes sur les côtes méditerranéennes – et le transport maritime : la Méditerranée est l'une des routes maritimes les plus empruntées et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, plus de 75 % du trafic maritime est international, et non intraméditerranéen. Enfin, une nouvelle menace apparaît avec le développement à venir de l'exploitation des hydrocarbures : des projets sont en cours sur les deux rives, et il est inutile d'évoquer le risque que court la biodiversité en cas de catastrophe liée à cette exploitation.

Pour examiner ensemble, d'une part, l'état de l'environnement méditerranéen et, d'autre part, les enjeux liés aux activités humaines et les politiques menées, nous recevons M. Michel Sponar, représentant de la Direction générale de l'environnement de la Commission européenne, M. Thierry Lavoux, ancien directeur du Plan d'action pour la Méditerranée et président du Plan bleu, M. François Galgani, chef de projet à l'IFREMER, Mme Catherine Piante, responsable du programme Medtrends de WWF France, M. Philippe Cury, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement et directeur du Centre de recherche halieutique en Méditerranée, et Mme Valérie Lainé, représentante de la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion