Intervention de Thierry Lavoux

Réunion du 5 juillet 2016 à 16h15
Commission des affaires européennes

Thierry Lavoux, président du Plan bleu :

Le Plan bleu est un des centres d'activités régionales, localisé à Marseille et à Sofia-Antipolis, du Programme d'action méditerranéen (PAM). Il a été créé par la conférence intergouvernementale de Split en 1977 et ses activités s'articulent autour de trois axes : la connaissance systémique de l'état de l'environnement, l'approche prospective – qui a fondé sa réputation, grâce aux scénarios qu'elle a élaborés à la fin des années 1980 sur l'avenir du bassin méditerranéen – et l'établissement de recommandations, fondées sur ses analyses et destinées à éclairer les décideurs sur les choix qu'ils ont à faire, notamment au sud de la Méditerranée, où l'on manque souvent d'expertise. Plus récemment, le Plan bleu a été mandaté pour accompagner les 21 pays riverains de la Méditerranée dans leur approche de développement durable, puisqu'il a été chargé à la fois de rédiger la stratégie méditerranéenne de développement durable, adoptée à la COP19 d'Athènes, et d'en assurer le suivi grâce à un ensemble d'indicateurs.

L'environnement méditerranéen subit des pressions extrêmement importantes, notamment les pollutions telluriques, qui font l'objet d'un protocole, et le trafic maritime. Mais je voudrais souligner l'intérêt que présentent la convention de Barcelone et la phase 2 du Programme d'action méditerranéen, car ils forment un cadre institutionnel très souple. En effet, l'unité de coordination, située à Athènes, ne remplit que des fonctions administratives et ses six centres d'activités régionales fonctionnent à faible coût.

Force est de constater que la fracture nord-sud est en train de s'aggraver ; c'est sur ce point que je souhaiterais centrer mon analyse. Alors qu'au nord et dans les Balkans, le processus d'intégration est plutôt dynamique et va dans le bon sens – avec de nouveaux entrants, notamment la Slovénie, Malte, Chypre et la Croatie –, nous assistons, hélas ! sur la rive sud, à une désintégration due au cataclysme des guerres et à la chute des économies d'un certain nombre de pays.

On observe, par ailleurs – et cela est lié – un faible engagement des pays, dès lors que la convention de Barcelone ne prévoit pas de mécanisme véritablement coercitif : les obligations de faire contenues dans certains protocoles ne sont assorties d'aucune sanction. Cette situation s'explique, certes, par la situation politique actuelle, mais aussi par la question des financements. Entre 1990 et 1995, un programme de financement, le METAP (Mediterranean technical assistance program), doté d'une trentaine de millions de dollars, a permis de faire du capacity building, d'aider un certain nombre de pays du sud à faire émerger leurs projets, avant que la Banque mondiale n'apporte des financements à hauteur d'1,5 milliard de dollars.

Aujourd'hui, non seulement l'application des lois manque d'efficacité, mais il est frappant de constater que les parties à la conférence sont toujours représentées, à Athènes, par les ministères de l'environnement. C'est très bien, mais qu'en est-il des autres ministères ? Si l'on veut faire du développement durable, il faut alerter l'ensemble des secteurs économiques et des ministères chargés du développement ! Aujourd'hui, nous discutons entre nous, nous partageons la plupart des analyses. Mais, même si la stratégie méditerranéenne de développement durable s'efforce de favoriser une vision plus holistique des choses, nous demeurons, hélas ! prisonniers d'une logique purement environnementale.

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