Intervention de François Galgani

Réunion du 5 juillet 2016 à 16h15
Commission des affaires européennes

François Galgani, chef de projet à l'IFREMER :

Plutôt que sur les pollutions chimiques, problème qui est bien connu depuis quelques années, je concentrerai mon propos sur les nouvelles pollutions, notamment celles qui sont dues aux déchets. En effet, 700 tonnes de déchets sont déversées chaque jour dans le bassin méditerranéen, soit 300 000 tonnes par an. Certes, cela peut paraître peu mais, à l'échelle restreinte de la Méditerranée, la densité de cette pollution est parfois considérable. Ainsi, dans certaines zones, notamment dans la Mer Adriatique, on dénombre plusieurs millions de microparticules de plastique par kilomètre carré. Il faut également mentionner, à ce propos, la question du transport frontalier, qui est importante, car les mesures de gestion prises dans un pays peuvent être utiles à d'autres. En effet, la mer transporte ces déchets, qui se retrouvent à la fois sur les plages et sur les fonds marins, de sorte que l'on peut recevoir ceux d'autres pays, en particulier de la rive sud. La Méditerranée détient le record dans ce domaine.

On commence à connaître l'impact de cette pollution. Des populations de tortues, par exemple, sont très affectées puisque jusqu'à 90 % d'entre elles ont des déchets dans l'estomac. Mais ce phénomène, essentiellement environnemental, touche, hélas ! assez peu le grand public, au-delà du symbole qu'il représente. Cette pollution a pourtant également un impact sur la santé, lié au tourisme – car elle peut provoquer des accidents sur les plages – et sur l'économie : la DG environnement a publié un rapport dans lequel elle évalue le coût des déchets marins, au niveau européen, à 263 millions d'euros. Une conférence s'est tenue à Berlin qui a dressé une liste des mesures à prendre, dont certaines sont particulièrement adaptées à la Méditerranée : je pense notamment au recyclage, qui doit être amélioré, et à l'épuration, sur la rive sud.

Il est intéressant de noter que, sur la question des déchets, le plan d'action régional de la convention de Barcelone a, pour une fois, devancé la convention OSPAR, ce qui témoigne de l'importance de la question. Par ailleurs, la DCSMM a considéré les déchets comme un véritable problème environnemental, ce qui a eu de nombreuses conséquences, jusqu'au G7 puisqu'un chapitre de la déclaration est consacré aux déchets marins et que le modèle de surveillance à l'échelle globale sera probablement calqué sur celui de cette directive. Ce qui se passe en Méditerranée est donc important. Des mesures commencent à être prises et l'on est passé à des préoccupations concrètes. Du reste, le secteur économique lui-même est en train de s'emparer du problème : des normes sont fixées et des marchés sont en train de se mettre en place. Les choses vont très vite, avec des enjeux non seulement environnementaux mais aussi économiques.

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