Si les dirigeants de l'Union européenne sont extrêmement clairs et disent très vite qu'il n'y aura pas de passeport, des décisions peuvent être prises assez rapidement. D'ailleurs, un certain nombre de très grandes banques américaines établies à Londres et même de très grandes banques anglaises, dont le siège se trouve en Asie, ou des banques suisses, ont déjà commencé à réfléchir sur la question – les banques suisses sont présentes à Paris mais elles le sont aussi à Londres. Comme l'a dit Marie-Anne Barbat-Layani, les patrons français de ces établissements étrangers souhaitent que le maximum de rapatriements se fassent à Paris, sous leur contrôle.
Monsieur Caresche, nous avons fait le benchmark que vous évoquez. C'est l'objet d'un très long document, que je ne commente pas, mais que nous allons vous transmettre. Il ne s'agit pas seulement d'attractivité, notion quand même assez subjective : si les salariés préfèrent très majoritairement venir à Paris, c'est parce qu'il est quand même plus plaisant de vivre à Paris que dans un certain nombre d'autres capitales européennes. Pour les dirigeants, l'image compte, avec le terrorisme et certaines mesures prises antérieurement. Le Premier ministre le signalait avec un peu d'humour la semaine dernière, en s'adressant aux banquiers présents : « Dites à vos amis britanniques que la taxe à 75 % c'est fini ! » Cette mesure avait quand même un peu dégradé l'image de notre pays.
En matière de benchmark, sur les différents segments de l'activité financière, en moyenne, la place de Paris est deuxième, derrière Londres et devant Francfort. Cette photographie du moment présent résulte pour partie du passé. Elle tient aussi au fait que la France est un grand marché pour les banquiers, où de nombreuses grandes entreprises émettent beaucoup de titres et empruntent beaucoup.
Qu'est-ce qui est délocalisable ? Certaines banques ont déjà avancé des chiffres. JPMorgan Chase & Co a avancé le chiffre de 4 000 personnes, HSBC celui de 1 000 personnes. Quant aux activités de compensation, aux activités postmarché, il n'est pas envisageable, pour l'Union européenne, de dépendre d'infrastructures situées en dehors de son territoire pour des questions aussi centrales, aussi essentielles que le fonctionnement de ses propres marchés. Ces activités seront donc nécessairement rapatriées. Les autorités de marché ont, à cet égard, un rôle à jouer, pas seulement les actionnaires de Deutsche Börse et London Stock Exchange. Les régulateurs peuvent exiger – en tout cas, nous souhaitons qu'ils le fassent très clairement – qu'il y ait ces rapatriements.