Intervention de Ingénieur général de l'armement Patrick Dufour

Réunion du 5 juillet 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Ingénieur général de l'armement Patrick Dufour, directeur central du service industriel de l'aéronautique (SIAé :

Je vous laisserai poser la question à Laurent Collet-Billon et au chef d'état-major de l'armée de l'air. J'ai pour ma part quitté le monde des programmes où j'ai passé vingt ans. Reste que cet avion est là, que ses performances sont tout à fait intéressantes : il apporte une capacité logistique phénoménale. Puisque l'expérience a été réalisée sur le parking de notre site de Clermont-Ferrand, je puis vous confirmer qu'un véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI) rentre dans un A400M – on peut donc clore ainsi un débat programmatique qui a duré une petite dizaine d'années : nous savons transporter un VBCI en Afrique par nos propres moyens.

L'enjeu est désormais d'en maîtriser le coût de soutien. Face à un avionneur dont l'A400M représente une petite portion d'activité, au motoriste qui est un consortium un peu étrange, mon rôle consiste à proposer mes services aux autorités, expliquant que des gens qui font de l'industrie et qui n'ont aucun intérêt économique à vendre de la pièce, aucun intérêt économique à vendre du détachement de spécialistes ou à mettre du neuf, peuvent aider à maîtriser le coût de ce matériel. De plus, savoir ce qu'est un avion de transport tactique qui rentre d'Afrique, c'est clairement dans les gènes de nos personnels, y compris, désormais, des plus jeunes. Ainsi, nos opérateurs auvergnats qui interviennent sur l'hélicoptère Tigre savent faire la différence entre du sable malien et du sable afghan et savent la manière dont chaque type de sable va affecter la machine.

Encore une fois, les nations sont face à Airbus comme le Pentagone est face à Lockheed Martin. L'équilibre que je prône est de ne pas tout faire faire clé en main au prix de l'assurance tous risques, mais de faire un peu pour être plus avisé sur ce que l'on fait faire. Voilà quel est le rôle du SIAé en tant qu'industriel. Pour cela, le service doit pouvoir continuer à vivre en tant qu'industriel.

Je terminerai par le fonctionnement en compte de commerce. Il n'y a pas de miracle. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes s'interroge sur la conformité du compte de commerce avec la loi organique relative aux lois de finances (LOLF). Le directeur du budget a écrit pour préconiser un retour en régime budgétaire, ce qui n'est pas la ligne suivie par le ministère de la Défense. Mon avis est que le retour en régime budgétaire vaudrait condamnation du SIAé.

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