Il faut rappeler que, depuis le rapport de M. Victorin Lurel, depuis que l'égalité réelle est évoquée, et que le projet de loi a été présenté à l'Assemblée nationale, des attentes ont été suscitées. Car chacun sait que, soixante-dix ans après la départementalisation, malgré toutes les politiques publiques mises en oeuvre, un certain nombre d'inégalités persistent.
Pour nos populations, ce texte constitue l'occasion d'ouvrir une nouvelle page ; ce qui signifie que nous ne pourrons pas faire l'économie d'un certain nombre de mesures sociales. Tous ceux qui se sont exprimés aujourd'hui l'ont dit : des signaux doivent être envoyés, singulièrement en ce qui concerne la vieillesse.
Il faut parachever la correction d'inégalités flagrantes ; car l'égalité réelle consiste précisément à les supprimer. Article 40 ou non, nous verrons bien à l'issue des travaux parlementaires, mais, si nous échouions à adopter quelques mesures sociales, l'affaire ferait « pschit ».
Par ailleurs, il faut donner une vision au développement économique, car, à la Réunion par exemple, là aussi, malgré le dynamisme économique - le taux de croissance est passé au-delà de 3 % en 2014 et à 2,6 % en 2015 - nous connaissons depuis plusieurs années des taux de chômage élevés. Ce texte doit donner un sens au développement économique, il doit s'appuyer sur les nouvelles opportunités que sont la révolution technologique et la croissance des bassins géographiques qui nous entourent. À cet égard, je rappelle, qu'autour de la Réunion, des pays comme l'Afrique du Sud, le Mozambique et le Kenya connaissent des taux de croissance supérieurs à 5 %. Un pays comme l'Éthiopie, plus proche de la Réunion que de l'Hexagone, a connu un taux de croissance de 10 % jusqu'en 2014, 8,5 % étant prévu pour 2015 et 2016. Au titre de ces nouvelles opportunités, doivent encore être mentionnés le développement durable et l'économie circulaire. Ces progrès doivent nous permettre de sortir de ce que nous avons connu : l'économie fondée sur l'import-substitution, le BTP en grande partie dépendant de la commande publique…
Le projet de loi doit ouvrir une perspective économique, et mettre en place des outils ; même si je suis un jeune député, j'ai compris que nous ne ferons pas tout cela en neuf mois, mais nous devons délivrer ce message d'avenir.
M. Ibrahim Aboubacar a mentionné les plans de convergence. Ils sont susceptibles de passer pour des tartes à la crème si un contenu ne leur est pas donné, mais j'ai entendu, monsieur le président, que vous considériez que leur édifice va se construire. Ces plans de convergence doivent être à la fois crédibles et visibles, faute de quoi on nous dira que le travail a été bâclé.
Je reconnais la difficulté de l'exercice. Attendons la fin des travaux parlementaires pour tirer des conclusions, évitons les conclusions hâtives ! Nous devons faire bloc, car je pense que tous ceux qui sont aujourd'hui présents dans cette salle défendent avant tout l'intérêt des populations d'outre-mer. Nous verrons bien, in fine, ce qui ressortira.
Enfin, le Gouvernement a une responsabilité, et les élus de la majorité ne sont pas les seuls impliqués, avec Victorin Lurel hier et Ericka Bareigts aujourd'hui, les outre-mer ont été respectées au cours de ce quinquennat. L'égalité réelle que l'on nous demande de co-construire constitue une marque supplémentaire de ce respect ; rien ne nous est imposé, il nous est demandé d'y apporter du contenu.