Intervention de Brigitte Allain

Réunion du 27 septembre 2016 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Allain :

Nous devons reconnaître le caractère social de ce projet de loi ; en ce sens, il s'agit d'un texte de gauche. J'entends les réserves émises par nos collègues qui considèrent que l'article 40 bloque les initiatives, mais c'est là que le Gouvernement doit tenir son rôle, et j'espère que d'ici le débat en séance publique tel sera le cas.

L'égalité réelle passe aussi par l'économie et l'écologie. Comme vous l'avez indiqué, monsieur le président, de nombreuses lois ayant trait à l'économie comportaient un titre consacré aux outre-mer. Il aurait été intéressant que ce texte dise, lui aussi, que l'égalité réelle passe aussi par l'économie. Les départements d'outre-mer sont beaucoup trop dépendants de la Métropole sur les plans alimentaires et énergétiques. Les raisons sont connues, elles ont été pour partie prises en compte par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

Pour gagner l'égalité sociale, l'ambition devrait être de réaliser l'égalité économique. Pour ce faire, le meilleur moyen consiste à réduire la dépendance des territoires ultramarins, en développant l'économie locale par la mise en valeur des ressources endogènes. Une telle action appelle des décisions politiques importantes afin de mettre un terme à ces importations, comme celles des cuisses et ailes de poulet, selon qu'il s'agit de la Réunion ou de Mayotte, vendues à bas prix, ce qui n'encourage absolument pas les productions locales.

Tant à la Réunion qu'à Mayotte, j'ai vu des initiatives locales intéressantes avec des produits « pays » ; il faut produire ou transformer ici, mais une réelle impulsion politique doit favoriser ces productions. Dans le cadre de l'examen du projet de loi relatif à l'égalité et la citoyenneté, nous avons adopté une mesure prévoyant que la restauration collective devait comporter 40 % de produits locaux, dont 20 % de produits « bio ». La semaine dernière, le Sénat a supprimé cette mesure. Nous y reviendrons.

Si des moyens spécifiques ne sont pas donnés dans les départements d'outre-mer, l'égalité réelle n'y sera jamais réalisée. J'ai visité le lycée agricole de Mayotte : certains élèves doivent marcher pendant plus d'une heure matin et soir pour s'y rendre et en revenir ; certains ne dorment que quelques heures par nuit parce qu'ils doivent travailler ou partager une couche et qu'ils ne sont pas toujours logés dans de bonnes conditions. Dans ces conditions, l'égalité sociale est difficile à réaliser ; il sera difficile d'atteindre le même niveau de formation qu'en métropole. Il ne faut pas taire les réalités ; mais la seule ambition d'atteindre l'égalité sociale ne saurait se suffire à elle-même.

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