Non, pour une fois, le titre de ce texte augure d’une importance stratégique et politique remarquable.
Pourquoi remarquable ? Parce que, preuve de la réalité de la plus grande France, loin de l’idéalisme gaullien et du cosmopolitisme de la gauche, l’outre-mer assoit le propos de Jacques Bainville à propos de la France : « C’est mieux qu’une race. C’est une nation. » C’est justement de cette phrase de Bainville qu’il nous faut partir car l’outre-mer conserve des habitudes, des résistances, qui rendent parfois là-bas la France davantage possible qu’ici.
Le maintien de la famille traditionnelle, la préservation absolue de la dignité humaine, au coeur même de toutes les fragilités des êtres, le respect de la vie à naître sont les conditions pour qu’un ordre social soit possible. Et nous savons, depuis Saint Thomas d’Aquin, qu’en dehors de la défense de l’ordre naturel, aucun bien n’est plus possible, parce que les familles n’y sont pas libres.
Dès lors, cette restauration des libertés devrait être au coeur de votre texte : mise en avant des langues vernaculaires, reconnaissance que la France est composée de peuples et pas d’un peuple, restauration du pays réel contre les artifices du pays légal. C’est à ce prix que nous verrions l’égalité réelle en outre-mer, c’est-à-dire une égalité qui n’est pas le fruit d’un égalitarisme, mais bien une égale disposition de l’État à respecter l’indépendance et l’absolue liberté de chaque famille des outre-mer.
La convergence des développements et la lutte contre les inégalités sur les territoires ultramarins ne seraient pas critiquables en elles-mêmes si elles procédaient d’abord d’une action de la société rendue à sa liberté et à sa dynamique. Qu’allez-vous accomplir, à l’inverse, avec cette loi ? Des plans d’État, des services préfectoraux, des associations téléguidées viendront satisfaire les réseaux qui, trop souvent, tiennent le pouvoir à la place du peuple sur ces territoires, comme sur les nôtres d’ailleurs.
En Nouvelle-Calédonie, nous savons que l’abaissement de notre puissance militaire, singulièrement de nos équipements maritimes, réduit la puissance de la France. Nous savons même que le diktat du libre-échange y fait primer des sociétés étrangères sur les entreprises de notre pays. Concernant l’île de Mayotte, comment voulez-vous qu’il soit facile pour la métropole d’accepter logiquement les dispositions de l’article 9 sur les prestations familiales, alors que l’immigration illégale n’y est pas combattue efficacement et que la place de l’islamisme n’y est pas clarifiée ?
Grâce à ces territoires et à leurs populations, la France est un archipel et, si elle n’était servie par une classe politique qui a fait un mode de vie du combat des factions et de la trahison, elle pourrait tenir la dragée haute à toutes les puissances du monde. On comprend alors que la France consacre 10 % des contrats de plan État-Région à ces territoires. Mais encore faudrait-il que ces investissements s’articulassent autour d’objectifs nationaux affirmés, conséquents, et pas à la seule alimentation d’un traitement social de la dépendance économique qui obère toute autonomie des familles.
Je veux le dire à nos amis ultramarins : la République, c’est la chose commune, l’organisation du pouvoir comme une délégation de l’autorité des familles et de la société à un État qui se charge de les gérer. Aujourd’hui, elle est instrumentalisée par certains clans, cercles et factions pour être l’excuse à l’arasement, à la négation du réel, à la violence faite à l’intimité des foyers. C’est contre cela que nous devons lutter, notamment sur vos territoires, mes chers collègues, pour que l’État n’applique pas des principes idéologiques mais une politique au service des gens. Sans cette disposition d’esprit, toute loi n’est qu’une négociation de plus entre l’assistanat et la vassalisation.
Le présent texte a-t-il su atteindre ce niveau indispensable ? Je n’en suis pas certain mais nous pouvons toujours l’espérer.