Dans cette affaire, je mets les pieds dans le plat, mais en responsabilité : il s’agit en effet d’un sujet délicat, l’immigration clandestine, qui constitue un fléau pour l’île de Mayotte. Nous ne parlons plus seulement de l’immigration provenant des Comores, mais également de Madagascar ainsi que de toute l’Afrique subsaharienne et australe.
Chacun dit que la vraie solution réside dans la coopération régionale : certes, mais elle se fait attendre. On ne peut en outre pas l’animer seuls et le partenaire en face n’est pas très allant. D’autres disent qu’il faut traiter les complicités internes dont je viens de parler.
Pour ma part, j’affirme qu’il faut surtout bâtir des politiques publiques qui permettent de remettre de l’ordre dans le territoire, notamment en matière de logement, de structuration des filières agricoles et de la pêche, mais également de services à la personne dont la garde d’enfants.
Mon collègue dit souvent que c’est l’économie informelle que nous devons faire passer dans le formel. Et il faut partout rétablir une culture de l’ordre public, en commençant par l’urbanisme.
Toutes ces actions ne nous exonèrent pas de mener une lutte active pour contrôler les frontières et d’adapter de façon proportionnée les règles de droit à la situation particulière dans laquelle se trouve l’île.
Sur le premier aspect, madame la ministre, vous avez fait récemment un certain nombre d’annonces lorsque vous étiez à Mayotte. Il ne doit pas y avoir de sujet tabou, y compris l’adaptation de la règle du droit du sol, qu’il est question non pas de supprimer mais de faire évoluer en raison de son détournement par des filières qui exploitent sans vergogne des femmes dans l’espoir d’obtenir la nationalité française pour leur enfant.
La question a été régulièrement soulevée, et je regrette de le dire devant des bancs vides de l’autre côté de cet hémicycle : Baroin en 2005, alors ministre, Bayrou en 2007, à Mayotte, Estrosi en 2008, alors ministre, Copé en 2013, Morin en 2013, certains candidats de la droite à la primaire des Républicains depuis neuf mois.
Les Mahorais méritent mieux sur un sujet aussi douloureux que sensible et ont droit à une meilleure considération. Je refuse qu’on les prenne en otages dans quelques mois comme on l’imagine, dans des discussions qui les dépassent.
J’ai donc décidé en mon âme et conscience d’ouvrir le débat afin de l’épuiser, avec l’intention de mobiliser tous les leviers possibles pour lutter contre ce phénomène qui a été à l’origine d’une déstabilisation grave du territoire depuis neuf mois.
L’exposé sommaire de mon amendement est extrêmement long. Mon souhait, c’est que nous allions au bout de ce débat afin que la population de Mayotte cesse d’être instrumentalisée à ce sujet. Il n’est pas question de dogme, de questions philosophiques ; ce sont simplement des questions pratiques, il faut trouver des solutions à ce qui se passe sur le terrain.