Vous constatez comme moi que nos territoires ont souffert des conditions climatiques de cette année, lesquelles ont dégradé la qualité et réduit drastiquement la quantité des récoltes. Dans mon département de l’Aisne, ce sont plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires qui se sont envolés – et je ne vous parle que de la période de la moisson. Les rendements de blé sur l’ensemble du territoire ont chuté de 30 % par rapport à l’an dernier ; ils sont à leur plus bas niveau depuis 1986.
Le manque de trésorerie immédiat empêche tout investissement, et la concurrence sur les marchés mondiaux s’annonce rude pour les exploitants français. Sans action rapide de votre part, l’été 2016 aura des répercussions dramatiques sur les années à venir. Il faut agir, et agir vite, avant que nos agriculteurs ne voient plus d’issue à leur situation, et que certains en viennent à envisager des actes de désespoir.
Quel choix faites-vous, monsieur le ministre ? Laisser disparaître des exploitations ou aider les producteurs à passer un cap difficile ?
L’État peut donner dès maintenant une bouffée d’air pour les trésoreries, par exemple en autorisant le déblocage des plans d’épargne entreprise des exploitations qui en ont souscrit, ou encore en assouplissant les contrôles jusqu’à fin 2016. Telles sont les mesures que les agriculteurs attendent. Et c’est aujourd’hui que tout se joue, pas demain.
Vous avez fait des annonces le 27 juillet, réitérées ce 4 octobre ; mais, bon sang, dites-nous quand elles se traduiront en actes ! Nous avons déjà perdu deux mois. Nos agriculteurs souffrent, il y a urgence. Lorsque je constate que certains d’entre eux sont toujours en attente du versement des aides de la PAC – politique agricole commune – pour 2015, je m’inquiète, monsieur le ministre.
Vous avez, je crois, votre « idée de la France ». Ce que la France attend, elle, c’est non seulement une vision, mais aussi des actions concrètes dès aujourd’hui.